La belle Imperia
Le beau pays que l'ItalielSon air est doux, son ciel est bleu;Et, sur cette terre de feu,Force est d'aimer ä la folie,D'adorer ou la femme ou Dien.
Helas! trop souvent pour nos dm.es,
Nos coeurs legers s'en vont aux femmes,
Comme les mouches vont au miel,
Et, meme ä la porte du ciel,
Se laissent piper par les dames.
Rome, ce seuil du paradis,
Cette ville papale est sainte,
Sous Jules trois et L6on dix
Aurait fait envie ä Corinlhe:
Le palazzo, l'osteria
Tout regorgeait de courtisanes.
Parmi ces d6esses profanes,
Brillait surtout Imperia.
C'etait la belle entre les belles,
Ses appas etaient sans rivaux;
Meme parmi les cardinaux
Elle trouvait peu de rebelles,
Tant eile avait d'inventions,
D'attraits, de science profonde,
De diabloques lourdions,
Pour seduire et damner le monde.
C'etait chaque jour, chaque nuit.
Nouveau moyen, nouveau diduit,
Parquoi chaque amant de passage,
Tantöt berne, tantöt seduit,
Riait d'abord s'il etait sage,
S'il etait sot restait vaincu.
Vn soir, au prix de maint icu(Mille, dit-on, payes d'avance),De Lieme, ambassadeur de France ,Eut une nuit d'Imperia.Sensible ä si noble conquete,