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2 (1932)
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MES RELATIONS AVEC LA POLITIQUE EN 1916 383

point de la question) mon strict devoir était de sauve­garder le moral de larmée et dempêcher la lassitude qui se dessinait à larrière de se répandre à lavant.

Dans cet ordre didées je faisais surveiller attentive­ment la presse et je signalais au gouvernement tous les articles qui, échappant à la censure, me paraissaient cons­tituer, à un titre quelconque, un danger.

On a beaucoup critiqué « la censure » pendant la guerre. Comme elle était dordre gouvernemental, je nai pas à défendre ici cet organisme. Quil y ait eu des maladresses et des erreurs commises, cest bien possible.

Il nen reste pas moins que létablissement et le main­tien de cet organe de contrôle s'imposait. Que lon veuille bien considérer ce qui se serait passé si la presse avait disposé de la liberté de tout dire dont elle jouit en temps de paix. Il aurait suffi quun militaire de la zone des armées transmît à un journal les grandes lignes dun projet dopé­rations pour quon le trouvât quelques jours plus tard inséré dans les colonnes dun journal. Peut-on affirmer que le patriotisme du journaliste leût empêché de céder à la tentation de publier une information intéressante? Ny a-t-il pas, dans la guerre de 1870, lexemple dun renseigne­ment essentiel sur le mouvement de nos armées, que les Allemands trouvèrent avec joie dans un grand journal français? A un moindre degré, pouvait-on laisser à un publiciste, animé des meilleures intentions mais incapable de discerner le danger dinformations qui pouvaient lui paraître anodines, le soin de juger ce quil pouvait dire ou ce quil devait celer? Le public sait-il que lennemi se ren­seigne généralement moins par la capture toujours rare de documents importants que par le recoupement dune multitude de petits renseignements qui, individuellement, paraissent sans valeur? Pouvait-on laisser se développer, sans frein, des campagnes qui, sous le louable prétexte de stimuler les énergies et de vaincre les résistances de larrière, tendaient à faire croire aux soldats quon ne faisait rien pour développer notre puissance matérielle? Pouvait-on admettre dincessantes critiques sur la conduite