QUATRIÈME PARTIE
L’OFFENSIVE D’ENSEMBLE DE L’ENTENTE ( 1916 )
Si l’année 1915, vue de notre camp, représente dans la guerre mondiale une période de préparation matérielle, une phase remplie par des efforts séparés, par des expériences souvent coûteuses, et par des tentatives quelquefois malheureuses, si cette année demeure, en fin de compte, dominée par la défaite russe et par la catastrophe serbe, 1916 marque un premier et grandiose effort d’ensemble. Pour la première fois depuis le début de la guerre, les Alliés parviennent à mettre sur pied un plan général d'action qui prouve que les dangers de l’absence d’un commandement unique leur sont apparus, et — ce qui est mieux encore que d’avoir fait un plan, — ils le mettent à exécution. Bien des lacunes apparaissent encore ; des lenteurs, des hésitations, de violents tiraillements se font sentir dont la triste et décevante issue de l’entrée en guerre des Roumains fut l’implacable rançon. Il n’en reste pas moins qu’au cours de l’été de cette année 1916, malgré la formidable diversion des Allemands à Verdun , malgré la ruée autrichienne dans le Trentin et l’offensive préventive des Bulgares en Macédoine, tous les Alliés, en plein accord, étaient engagés dans une attaque générale dont