La période qui suivit mon retour à Paris , dans les der-niers jours de l’année 1916, fut la plus triste de mon exis-tence.
Après avoir assumé pendant deux ans et demi de guerreles plus lourdes responsabilités, j’aurais été presque endroit de m’accorder du repos. Mais comment trouver lecalme alors que, mesurant d’un coup d’œil le chemin par-couru, j’essayais de prévoir les événements que l’avenirnous réservait.
Bien que j’aie déjà parlé longuement dans les pages quiprécèdent des projets dont mon départ de Chantillyavait interrompu la réalisation, il me paraît nécessaire d’endire encore un mot ici, pour marquer avec netteté l’étatd’âme dans lequel je me trouvais en ces premières semainesde 1917.
Malgré que je fusse rigoureusement tenu à l’écart dece qui se préparait, je connaissais dans ses grandes lignesle plan du général Nivelle. Les journaux ne manquaientpas, d’ailleurs, d’opposer « la méthode de Verdun » que monsuccesseur se proposait d’appliquer, à « la méthode de laSomme » que les événements paraissaient avoir con-damnée.
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