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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J OFFRE

Il est clair que le changement de personne dans lehaut commandement devait entraîner un changement deplan dopérations. Larmée et lopinion publique, à qui onlaissait entendre que la Somme avait été un échec, neussentpas compris que le général Nivelle se contentât de mettre sasignature au bas des projets que javais établis.

Mais le problème devenait angoissant, cest lors-quon examinait le projet même qui allait servir de baseaux prochaines offensives alliées sur le front occidental.

En premier lieu, le général Nivelle ayant lintentionde faire son effort décisif dans une région qui navait pasété équipée pour la bataille, il était évident que les opé-rations ne pourraient reprendre quavec un certain retard,dabord parce que les accords que javais réalisés avec nosalliés allaient être remis en question, et aussi, comme jeviens de le dire, parce que la préparation des attaquessur un théâtre nouveau exigeait léquipement du front,qui ne pourrait se faire en un jour.

Or, quand on tient son ennemi à bras le corps, commenous le tenions sur la Somme, sous la menace constantedune attaque qui pouvait entraîner sa perte, cétait com-mettre une faute dont les conséquences risquaient dêtreincalculables que de lui laisser le temps nécessaire de sereprendre, de se rétablir et de se réorganiser»

Et puis, quétait-ce, au fond, que cette « méthode deVerdun » que lon voulait appliquer sur une grande échelleaux opérations de 1917?

A Verdun , en octobre et en décembre 1916, dans deuxattaques auxquelles je nétais, soit dit en passant, pasétranger, nous avions repris à lennemi le terrain quilnous avait arraché par lambeaux au prix de sanglantsefforts. Mais ces attaques avaient réussi, en grande partie,parce que sur ce terrain bouleversé nous luttions avecacharnement depuis neuf mois, toutes les organisationsdéfensives avaient à peu près disparu. On se battait dansdes trous dobus, il ny avait plus que des réseaux de filde fer hâtivement posés, les abris y étaient rares et pré-caires, les tranchées éboulées et pleines de boue, enfin, les