MEMOIRES DU MARECHAL JOFFRE
TROISIÈME PARTIE
LA GUERRE DE STABILISATION
CHAPITRE PREMIERVue d’ensemble sur l’année 1915.
Au milieu de novembre 1914, la bataille des Flandress’achevait. Le front, stabilisé de la Suisse à l’Oise, se sta-bilisait pareillement de l’Oise à la mer. L’intention quej’avais eue d’envelopper la droite allemande ne s’était,en somme, pas entièrement réalisée ; les seuls résultatsque nous avions obtenus — et ils n’étaient pas négli-geables — avaient été de sauvegarder la côte françaisede la Manche, un mince lambeau du territoire belge, etune partie de notre bassin houiller du Nord. Mais nousavions perdu Lens, la précieuse agglomération de Lille ,Roubaix et Tourcoing , et les Allemands restaient accrochésà Noyon, à moins de 100 kilomètres de Paris . La ma-jeure et la meilleure partie de l’armée allemande était surnotre sol et le saillant de sa ligne de bataille se trouvaità cinq journées de marche du cœur de la France . Ce faitnous dictait à nous, Français, notre devoir. C’est cet en-nemi qu’il fallait battre et rejeter. Sur ce point mon opi-nion, pendant tout le temps que j’ai assumé la direction
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T. II.