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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

lélan était donné, mais nous étions entrés, en grand,dans la voie des réalisations :

Lartillerie de campagne plus que doublée, la crise deséclatements de tubes conjurée, lartillerie lourde de touscalibres développée dans de grandioses proportions, toutesles bouches à feu depuis le 37 jusquau 370 alimentées enmunitions, lartillerie de tranchée créée de toutes pièces,les grenades, les projectiles à gaz presque au point et déjàlivrés en grande quantité aux troupes. Et en plus de nospropres besoins, déjà dans une grande mesure satisfaits,notre aide assurée à nos alliés (et en quelle proportion !) auxRusses, aux Belges, aux Italiens, aux Serbes, aux Rou-mains, et même aux Anglais . Et ces résultats atteintsmalgré que dix de nos départements fussent aux mains delennemi, et avec eux notre bassin métallurgique de lEst,nos mines de charbon du Nord. Que neût pas fait notreindustrie si elle eût pu semployer tout entière au servicede larmée.

Ni lAllemagne dont le sol était entièrement libre, nilAngleterre disposant de toutes les ressources de son vasteempire, ni plus tard lAmérique dont on vante souvent lapuissance industrielle ne firent defforts comparables aunôtre. Quon noublie pas que lindustrie étrangère tra-vaillant pour nous, nous donna de constants déboires, etque jusquà la fin de la guerre, lAmérique resta tribu-taire de nos fabrications pour ses canons, ses munitionset son aviation.

Cela, il faut le dire parce que des campagnes bruyanteset malfaisantes lont dissimulé aux yeux du pays, en nelui parlant que des négligences et des retards, et en luicachant les difficultés à vaincre et les résultats acquis. Jene veux ni diminuer les mérites des industriels qui surentmener à bien cette tâche, ni les services que nous rendit encette circonstance la marine française, ni laction quexerçaM. Albert Thomas quand il devint sous-secrétaire dEtatà lartillerie, mais je me devais de rendre à M. Millerand letémoignage de la reconnaissance que lui doit le pays pourlœuvre quil a accomplie.