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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J OFFRE
Argonne et sur l’Aisne , elles avaient provoqué des réac-tions violentes, montrant l’ennemi attentif, prêt à de vi-goureuses ripostes. Il apparaissait que la tâche à laquellenous avions à faire face, de déraciner les Allemands denotre sol où déjà ils s’étaient si fortement incrustés, allaitexiger de notre part de gigantesques efforts.
Le 10 janvier 1915, le mauvais temps imposa une trêveaux opérations qui se prolongea plusieurs jours. Je pres-crivis (1) de ne laisser en première ligne que le nombred’hommes strictement indispensables pour assurer la sécu-rité, et de reporter le reste en arrière dans des canton-nements où les unités se reposeraient et se remettraienten état. Cette période serait mise à profit par les états-majors pour effectuer les reconnaissances, liaisons, véri-fications de lignes de défense, par l’artillerie pour amé-liorer ses observatoires et ses liaisons, et gêner les travauxde l’adversaire.
En outre, l’étendue du front, le nombre des unités enligne, la complexité des questions à traiter m’amenèrent àprendre pour les armées de l’Est une mesure analogueà celle que j’avais prise pour celles du Nord dont le généralFoch coordonnait les opérations : le 5 janvier 1915 (2),je déléguai au général Dubail, commandant de la l re armée,la direction dc3 opérations de la l re et de la 3 e armées,c’est-à-dire le front qui s’étendait de la frontière suisseà FArgonne incluse.
Dans ce même début de l’année 1915, le service des ren-seignements faisait connaître qu’un double courant detransports par voies ferrées s’était établi à l’intérieur del’Allemagne , à destination des fronts d’Orient et d’Occi-dent. L’hypothèse que l’ennemi se dégarnissait devantnous pour accroître ses forces devant les Russes ne se vé-rifiait donc pas : les Allemands, puisant dans leurs dépôtset bénéficiant de leur puissante organisation du temps depaix et de leur richesse en cadres, constituaient de nou-
(1) Note n° 2796 du 10 janvier 1915.
(2) Note n° 1266 du 5 janvier 1915,