60 MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
rement sur les neutres, dont quelques-uns n’attendent qu’unindice favorable pour se déterminer. »
A partir du 23, la bataille, qui avait marqué un ralen-tissement, reprit avec une extrême intensité. Le 27 et le28, nos progrès s’affirmèrent sur le front du 17 e corps(entre Mesnil et le bois Sabot) et du 1 er corps (entre Mesniiet Beauséjour). La cote 196, armature de la deuxième po-sition ennemie, fut enlevée de haute lutte par le 51 e ré-giment d’infanterie (3 e division du 2 e corps). Les dé-fenses adverses étaient ainsi traversées de part en part,sur une faible largeur il est vrai. Des contre-attaques alle-mandes échouèrent malgré la vigueur avec laquelle ellesfurent exécutées par des troupes de la Garde prussienne.
Le 7 mars, le général de Langle essaya d’élargir labrèche, en étendant vers l’ouest son front d’attaque : unebrigade du 16 e corps et des éléments de la 60 e divisionpénétrèrent dans le bois Sabot et s’y maintinrent, maisne purent dépasser la première ligne enlevée.
Le commandant de la 4° armée me demanda, malgré cerésultat incomplet, l’autorisation de faire intervenir, envue d’une attaque décisive, le 16® corps renforcé de là 48° di-vision entre les cotes 196 et 198. Sur ce front, nous n’avionsplus devant nous que des organisations défensives hâti-vement construites ; il était donc possible d’espérer, grâceà la puissance des moyens accumulés dans ce secteur, uneprogression rapide.
Je donnai le lendemain mon assentiment à cette de-mande, mais en avertissant le commandant de l’arméeque si l’engagement à fond du 16 e corps que commandaitle brave général Grossetti ne procurait, après trois ouquatre jours d’efforts, qu’un succès local, il conviendraitde s’organiser, et de remettre à ma disposition quatre descinq corps d’armée engagés (1).
Cette dernière phase de la bataille commença le 12 mars ;les 31 e et 48 e divisions attaquèrent sur le front comprisentre la cote 199 et le chemin Mesnil-Tahure ; lancée vers
(1) Note n° 2759 du 8 mars 1915.