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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
Robeck, essayait vainement de forcer le passage des Dar-danelles . Je reviendrai plus tard sur cette opération. Jenote ici seulement, la concordance des dates.
J’ai dit que, dans les Instructions générales adresséesaux armées le 21 janvier 1915, j’avais prévu des opérationsà entreprendre par les 3 e et l re armées. Celle-ci devait pré-parer une action en Woëvre, celle-là devait, sur diffé-rentes parties de son front, reprendre des actions offensivesvers le Nord pour coopérer à l’attaque de la 4 e arméedont je viens de parler.
La 3° armée avait dans son front un secteur particuliè-rement délicat : l’Argonne. Là, le XVI e corps allemand ,commandé par un chef issu de l’arme des pionniers (1), dis-posant d’un nombreux personnel de spécialistes et d’unpuissant matériel de siège, menait contre le 2 e corps fran-çais et la gauche du 5 e corps, depuis la fin de septembre 1914,une lutte très âpre dans laquelle nous n’avions presquejamais l’avantage. La région boisée et accidentée était,il est vrai, difficile, mais elle l’était pour l’ennemi commepour nous : les Allemands disposaient de minenwerfer,de flammenwerfer et de grenades auxquels nous n’oppo-sions que des engins de fortune ; mais surtout, nos adver-saires avaient pris l’initiative des opérations, et le com-mandement local, de notre côté, n’avait pas su s’organiser.on se contentait de tenir sur place, de perdre du terrain àchaque coup de l’ennemi, et de s’exténuer dans de vaines etcoûteuses contre-attaques. Le 6 janvier 1915 (2), j’avais écritau général de Langle pour lui signaler que les événementsmalheureux qui se succédaient en Argonne, démontraientl’insuffisance des lignes de résistance, situation inadmis-sible après trois mois d’occupation, et j’avais invité le com-mandant de la 4 e armée à rappeler le général Gérard, com-mandant du 2° corps, à l’exécution des prescriptions con-cernant l’organisation défensive.
(2) Lettre n° 1523 du 6 janvier 1915.