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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
bond de 800 mètres sur un front de plus d’un kilomètre,ce qui lui permit d’investir Fey-en-Haye. Le 31 e corpss’établit en plusieurs points à une centaine de mètresseulement des lisières du Bois de Mort-Mare. Dans la nuitdu 31 mars au l or avril, le 8 e corps cueillit Fey-en-Hayesans résistance et s’établit au nord du village. De violentscombats se déroulèrent dans le Quart-en-Réserve (partieouest du Bois le Prêtre) où la 73 e division s’empara de500 mètres de tranchées ennemies.
Le 12 e corps, chargé de l’attaque sur la branche suddu saillant de Saint-Mihiel, prit possession dans la nuitdu 1 er au 2 avril du secteur qui lui était attribué entrele ravin de l’Ache et le Bois le Prêtre ; le 3, il enlevaitRegnieville, et investissait Remenauville, préparant ainsisa base de départ.
Pendant ce temps, les 1 er et 2 e corps qui devaient opérerà l’est de Verdun sur la branche nord du saillant de Saint-Mihiel, se rapprochaient pour entrer en ligne, et s’établirà distance d’assaut en attendant que la préparation d’ar-tillerie, commencée le 5 à l’aube, eût obtenu des résultatssatisfaisants.
Malheureusement, le temps s’était mis à la pluie. Cettecirconstance me parut d’abord avantageuse, car elle dissi-mulait à l’aviation ennemie l’approche et la mise en placedes troupes d’attaque ; mais elle eut, en se prolongeant,de fâcheuses conséquences. La Woëvre, dé-jà très maréca-geuse en hiver, se transforma en bourbier : les tranchéesse remplissaient d’eau ; l’installation de l’artillerie, dansles champs détrempés, devenait difficile, l’observation destirs presque impossible, et les obus faisaient fougasse dansle sol spongieux.
Les troupes et les états-majors étaient inquiets. Peut-être eût-il fallu surseoir à l’attaque. Mais la vie dans cestranchées inondées ne se pouvait prolonger longtemps, etremettre l’attaque, c’était se retirer le bénéfice, si recherchécomme je l’ai dit, de la surprise. Le général Dubail donnale signal de l’offensive.
Elle ne donna à peu près aucun résultat. Les 1 er et