74
MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFUE
munitions calculée d’après l’expérience de l’offensive deChampagne , pour une bataille de dix jours.
De son côté, la l r6 armée anglaise devait prononcer uneattaque dans la direction générale de Ligny-le-Grand, laCliquetterie.
La méthode à employer dans la préparation et l’exécutiondes attaques fut précisée dans une Note que j’adressaiaux armées le 19 avril 1915. Dans ce document, j’indiquaid’abord que le but d’une action offensive consistait nonpas seulement à s’emparer d’une ligne de tranchées adversesmais bien à chasser l’ennemi de l’ensemble de sa position,et à le battre sans lui laisser le temps de se rétablir. Cerésultat ne pouvait s’obtenir que par une organisation etune préparation minutieuses. Les chefs des grandes unités,les commandants des troupes d’infanterie, ceux des bat-teries désignées pour les soutenir, devaient étudier le ter-rain d’attaque sur les plans directeurs et les photographiesd’avion, le reconnaître sur place, et définir la mission dechaque exécutant, pour ne laisser au hasard que la partla plus minime. Cette Note réglementait l’aménagementdu terrain d’attaque pour assurer le départ de l’assautdans de bonnes conditions et permettre les ravitaillementset les évacuations. Elle précisait l’emploi de l’artillerieavant et pendant l’attaque. Une fois déclanchée, l’attaquedevait revêtir une forme « brusque, violente » et être pour-suivie sans arrêt et sans solution de continuité , jusqu’àl’obtention du résultat final par l’entrée incessante d’unitésfraîches sur le front de combat.
C’est sur ces données auxquelles le général Foch nefit aucune objection que s’orienta la 10 e armée.
L’attaque fixée en principe au 1 er mai fut retardée dequelques jours afin de rendre plus complète la préparationmatérielle. Le maréchal French fut avisé à temps de cettedécision par le général Foch. Sur la proposition de cedernier, la date de l’attaque fut arrêtée au 7 mai. Mais,le maréchal French me fit alors connaître que la collabo-ration de l’armée britannique ne pourrait être assuréecomplètement que sous la condition de voir trois divisions