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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOPFRE

britanniques. Jai loué, comme elles le méritent, labnéga-tion du roi des Belges et celle du maréchal French. Il nenrestait pas moins que, malgré le titre de « généralissime »dont ce dernier me décorait bénévolement, cétait en réa-lité à titre de conseiller accepté par les Alliés que je dus agirà plusieurs reprises pour exprimer mon sentiment surcertaines opérations.

Mais au fur et à mesure du développement des opéra-tions, cette intervention officieuse révéla ses lacunes : enface dun adversaire qui nous paraissait avoir étroitementcentralisé la direction de la guerre entre les mains delétat-major allemand, les gouvernements alliés durentbien reconnaître que le décousu de leurs efforts constituaitpour eux une cause de faiblesse à laquelle il fallait coûteque coûte remédier.

Parallèlement, le gcuvernement français, amené parla force des choses à engager des opérations lointaines,reconnut la nécessité de placer ces diverses entreprises sousune direction unique. Cest lévolution de cette idée quiamena le gouvernement français, le 2 décembre 1915, àme nommer commandant en chef des armées françaises.Cétait un premier pas, le plus facile, puisquil ne dépen-dait que du gouvernement de la République, dans la voiedun commandement suprême de toutes les forces delEntente. Je nai pas connu le dernier pas qui ne futfranchi quen avril 1918, sous le coup des graves reversqui se produisirent sur notre front.

Pendant les premiers mois du Conflit mondial , le seulplan de guerre que lEntente ait suivi, fut dendiguer le flotallemand qui déferlait à louest, tandis que les massesrusses pesaient de tout leur poids sur les frontières orien-tales de lennemi commun.

A lissue de la bataille de lautomne 1914, le problèmechangea daspect.

A ce moment, les Allemands, qui avaient lâcher prisesur le front occidental, tournaient leurs efforts contre laRussie. Le devoir des armées alliées dOccident était tout