LA DIRECTION DES OPÉRATIONS
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tracé : il s’agissait, par des actions aussi puissantes que nousle permettait l’état de notre matériel, d’alléger la pressionqui s’exerçait sur nos amis de l'Est.
C’est ce motif essentiel qu’il faut voir dans toutes lesoffensives que j’ai menées à partir du mois de mai 1915,offensives auxquelles je m’efforçai de faire participer lesAnglais et les Belges. J’ai déjà dit à maintes reprises, queje trouvai, tant auprès de M. Miller and, ministre de laGuerre, que du maréchal French, le plus constant appuiet la plus entière communauté de vues. Mais nous avions àlutter auprès du gouvernement britannique contre destendances diverses, toutes également dangereuses ; tantôton nous objectait, de Londres, qu’il paraissait indispen-sable de laisser en Angleterre des forces importantes pourparer à un débarquement possible des Allemands ; tantôtle maréchal Kitcbener voulait se réserver la dispositionde nombreuses divisions pour assurer la défense de l’Égypte ou pour mener la campagne des Dardanelles; tantôt, ils’agissait de lutter contre un courant d’idées qui traver-sait les hautes sphères britanniques en vertu desquelles lasaine tradition de la Grande-Bretagne a toujours consistéà peser dans les coalitions plus par son or ou par ses flottesque par ses armées. Aux arguments d’ailleurs respectablesque l’opiniâtre Kitcbener opposait au gouvernement fran-çais, je ne pouvais qu’opposer avec une égale opiniâtretéce que le souci du bien commun me faisait considérercomme souhaitable On peut penser de quelle lenteurétaient frappées nos décisions militaires quand il fallait,au préalable, rapprocher des points de vue aussi éloignés.
Il était également intéressant d’obtenir le concours del’armée serbe.
Celle-ci, à la suite de ses éclatantes victoires du Tser et deRoudnick (1914), était tombée dans une inaction à peuprès totale. Cette inaction se justifiait par les pertes quenos alliés serbes avaient subies dans la courte et glorieusecampagne d’août à décembre 1914, en partie par l’épi-démie de typhus qui décima les troupes et les populations,en partie enfin par la crise du matériel que l’industrie
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T. II.