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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

serbe était incapable à elle seule de conjurer. Je connais-sais toutes ces difficultés. Mais lart à la guerre consisteà faire des choses qui paraîtraient en temps normal impos-sibles, et jestimais dangereuse pour les Serbes commepour lEntente, cette ankylosé des troupes du roi Pierre.

En mars 1915, le grand-duc Nicolas, qui préparait unegrande offensive dans les Carpathes , chercha à se procurerla coopération de larmée serbe à qui il demanda de con-juguer ses efforts avec ceux de la gauche russe qui devaitdéboucher dans la plaine hongroise. Un peu plus tard,quand lItalie eut décidé dentrer en guerre à nos côtés,une convention fut signée entre elle et la Russie (1),destinée à coordonner les efforts de ces deux puissancescontre lAutriche. On proposa à la Serbie de sy asso-cier. Cette fois, au lieu de lier son action à celle de lagauche russe, larmée serbe la combinerait avec une offen-sive de la droite italienne, en marchant sur Laybacb. Ladébâcle russe qui commença au mois de mai fit échouer leplan daction du grand-duc Nicolas. La distance (environ400 kilomètres) qui séparait les forces serbes de lobjectifquon leur proposait, fit reculer le voïvode Putnik quiavait conservé mauvais souvenir dune tentative doffen-sive esquissée en Syrmie dans les dernières semainesde 1914. Et la Serbie retomba dans son inaction. Elle nedevait en sortir quau moment laccabla la catastrophede lautomne 1915.

On voit par que chaque peuple de lEntente nagis-sait que dans la mesure il croyait pouvoir le faire. Lesévénements des Dardanelles et de Salonique, qui allaiententraîner lEntente dans une série dopérations très com-plexes comme toutes celles qui touchent à lOrient, illus-treront ce que je viens de dire sur les inconvénients queprésentait pour la coalition l'absence de direction suprême.

LAllemagne , qui longtemps avant le début de la guerremondiale, avait mené une politique habile et suivie en

(1) Convention du 21 mai 1915.