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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARECHAL JOFFRE

pour la forme de la violation de son territoire. Le 3, legénéral Sarrail avait reçu du gouvernement le comman-dement de larmée qui allait opérer dans les Balkans , lidéedune opération sur la côte asiatique des Dardanelles setrouvant définitivement enterrée. Le général Sarrail arrivaà Salonique le 12 octobre avec les premiers éléments dela 57 e division que javais dirigée vers lOrient sur lordredu ministre.

Admettant que larmée serbe tiendrait la zone Nich,Kniajevats, Pirot, Leskovats et que la Grèce ferait aumoins respecter sa frontière par la Bulgarie, le généralSarrail envisageait la concentration de son armée dans larégion Pirot, Uskub, Velès. Cette armée marcherait versSofia, ayant à sa droite un corps anglais qui remonterait laStrouma. Pour exécuter cette manœuvre le général Sarrailcalculait que trois corps darmée français et trente milleAnglais seraient nécessaires.

Comme dans le projet quil avait établi pour ses opéra-tions aux Dardanelles, le commandant de larmée dOrientne faisait quun plan théorique, qui ne tenait compte nide la situation véritable des Serbes et des Grecs, ni des pos-sibilités générales des états-majors français et anglais.

Le jour même nos troupes mettaient le pied sur lesol grec, le roi Constantin, refusant de suivre la politiquede son ministre, celui-ci tombait une fois de plus. La Grèce sengageait dans la neutralité : lappoint de 150 000 Grecsnous échappait.

Pour ce qui regarde les Serbes, au lieu de se rapprocherde nous et de lier leurs opérations aux nôtres, leur com-mandant en chef, le voïvode Putnik, soutenait, malgré lesinstances de notre attaché militaire, lidée suivante : lesSerbes défendent face au nord et face à lest la VieilleSerbie, cest aux Alliés à venir à eux et à couvrir leur flancdroit et leurs arrières en savançant en Nouvelle Serbie.

Le résultat de cette conception, qui se refusait àadmettre les difficultés auxquelles nous avions à faireface, fut que, dès le 22 octobre, les Bulgares avaient pénétréjusquà Uskub et Velès, coupant les communications des