l’expédition de salonique
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en apprenant que la cavalerie bulgare se rendait aux fron-tières, il convoqua les ministres de France et de Grande-Bretagne. Il leur dit que le roi Constantin et le généralDousmanis, chef d’état-major de l’armée hellénique, es-timaient que, dans le cas actuel, la Grèce ne devait passe considérer comme liée par le traité du 1 er juin 1913 :aux termes de ce traité, la Serbie et la Grèce se promettaientréciproquement l’appui de toutes leurs forces militaires, encas d’attaque par une tierce puissance. Or, de l’avis duroi, les Serbes, ayant déjà à faire face aux forces austro-allemandes, se trouvaient dans l’impossibilité de fournirles 150 000 hommes qu’ils s’étaient engagés à concentrercontre la Bulgarie, au cas d’un conflit commun contre cettepuissance. M. Venizelos admettait ce point de vue spé-cieux et prudent, à moins qu’on ne lui fournît ailleurs unappui équivalent à celui que ne pouvait lui fournir l’arméeserbe. La France, l’Angleterre étaient-elles prêtes à fournircet appui? A cette question aussitôt transmise, Londres etParis répondirent que le secours demandé serait envoyé.Et en ce qui concerne la France, le gouvernement décidale 28 septembre d’envoyer à Salonique une des deux divi-sions du corps expéditionnaire des Dardanelles. En mêmetemps, le ministre me prescrivit de diriger sur le camp dela Valbonne (1), en vue de son envoi en Serbie, une brigademixte tirée des armées du Nord-Est.
Ainsi se trouvait engagée, pour la deuxième fois sanspréparation, sans plan concentré avec nos alliés, une expé-dition lointaine dont la nécessité s’imposait, mais dont lesconséquences ne pouvaient être exactement mesurées. Lesdébuts de nos affaires à Salonique allaient se ressentir immé-diatement des conditions défectueuses dans lesquelles elless’amorçaient.
Le 5 octobre, les premières troupes françaises débar-quaient à Salonique. C’était la 156 e division arrivant desDardanelles sous les ordres du général Bailloud. Le gou-vernement grec, comme il avait été convenu, protestait
T. II.
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