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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J OFFRE
Serbes avec Salonique , qui ne furent jamais rétablies.
Quant à nous, Français, j’ai dit plus haut qu’en cedébut d’octobre 1915, nous étions en pleine offensive deChampagne et d’Artois. J’ai dit aussi que je m’étais tou-jours opposé à laisser gaspiller nos forces, déjà fortemententamées, sur des théâtres extérieurs. Tout en recon-naissant l’urgence d’appuyer les Serbes, j’estimais quenous devions nous borner à assurer leur ligne de retraite,et, par surcroît, barrer la route de Constantinople à nosennemis ; pour cela, il était nécessaire et suffisant de tenirSalonique et la ligne qui relie cette ville à Uskub. A monjugement 150 000 Anglo-Français suffiraient pour cettetâche. Ces forces devaient être prises dans le corps expé-ditionnaire des Dardanelles , ce qui aurait le double avan-tage de diminuer la durée du transport et de donner unprétexte plausible à l’évacuation de la presqu’île qui pren-drait ainsi l’aspect d’une manœuvre et non d’une recu-lade.
Malheureusement, mon opinion se heurtait à la con-ception serbe sur laquelle je n’avais pas d’action et à lathèse qui venait de prendre jour à Londres . Lord Kitchenern’était pas encore décidé à abandonner les Dardanelles ,et il ne voulait entreprendre l’expédition de Salonique qu’avec de très grandes forces, pour y porter à l’Autriche un coup décisif.
A Paris , on décida, sans attendre davantage, d’envoyerimmédiatement trois divisions d’infanterie (1) et deuxdivisions de cavalerie ; au total 64 000 hommes.
Puis l’on se mit en mesure de s’entendre avec les Anglais pour les effectifs à fournir, tant par eux que par nous, pourles conditions du transport à exécuter par les différentesmarines, et pour la nature des opérations à entreprendre.
Le 5 octobre, se tint à Calais une conférence entre lesministres de la Guerre et de la Marine de Grande-Bretagne