l’expédition DE SALONIQl’E
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et de France ; Kitchener promit d’envoyer dans les Balkans la 10 e division déjà en route, et trois divisions qui seraientretirées du front de France dès la fin de l’offensive queFrench menait avec nous. On se mit assez facilement d’ac-cord sur les transports à répartir entre les marines anglaise,française et italienne, mais on ne parvint pas à s’en-tendre sur la nature des opérations à exécuter.
Le 7 octobre, MM. Viviani et Augagneur se rendirent àLondres. Kitchener maintint son point de vue ; il voyait deplus en plus grand. Ne pouvant se mettre d’accord, Kit-chener et Viviani traversèrent de nouveau la Manche etarrivèrent le 8 à mon quartier général de Chantilly. Lemaréchal exposa sa thèse : il voulait réunir 400 000 hommesdans les Balkans pour écraser l’Autriche. Sans insister surla difficulté de mouvoir et de ravitailler une armée aussiconsidérable dans un pays sans route et sans voie ferrée,j’admettais à la rigueur que le gouvernement anglais pré-levât ces forces sur l’armée de lord French, à la conditionqu’elles fussent aussitôt remplacées par des divisions arri-vant d’Angleterre. A quoi Kitchener répondait que lesjeunes troupes qu’il était en train de former n’étaient pasencore aptes à faire la guerre.
On se sépara sans avoir pu rapprocher les points de vue.
Les pourparlers continuèrent entre Paris et Londres. Le19 octobre on finit par obtenir de l’Angleterre qu’auxtrois divisions françaises, elle en ajoutât cinq anglaises (1).Mais le gouvernement britannique, qui ne marchait plusqu’à contre-cœur depuis que les conditions générales del’affaire ne se présentaient plus sous l’aspect général qu’ilavait désiré, décida inopinément que ces divisions passe-raient d’abord par l’Ëgypte pour réserver l’avenir etassurer à tout hasard la garde de ce pays contre une attaqueturque à laquelle on commençait de s’attendre.
Cependant les troupes françaises étaient entrées enNouvelle Serbie le 14 octobre ; elles avaient gagné Kri-
(1) La 10 e division était déjà en route. Les quatre autres devaientsuivre à intervalles rapprochés.