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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J OFFRE
répondirent que c’était impossible. Or actuellement, onen fabrique 150 000 par jour, et tout le matériel-canonde 75 (pour ne parler que de celui-là) va être renouvelé. »
Et le lendemain, M. Millerand, reprenant sa robe d’avocat,retournait au Palais.
Après la bataille de la Marne , tous les hommes poli-tiques qui venaient à mon quartier général, MM. Briand,Sembat, Barthou, Étienne, de Freycinet, Sarraut, pourne citer que les principaux, m’apportaient l’écho unanimede la confiance que le pays et le Parlement avaient enmoi. Cette confiance dont j'avais besoin pour faire faceaux écrasantes responsabilités qui pesaient sur moi étaitencore accrue par l’autorité morale que j’avais acquiseauprès de nos alliés, aussi bien nos compagnons d’armesles plus voisins, Belges et Britanniques, que les plus éloi-gnés, Serbes et Russes. Sans parler des plus hautes dis-tinctions qui me furent décernées par nos alliés : grand’-croix de l’ordre du Bain, croix de Saint-Georges, grandcordon de l’ordre de Léopold, qui honoraient en ma personnel’armée française tout entière, j’ai dit quels liens d’amitiés’étaient établis entre le maréchal French et moi, et quelsavantages, en dehors de toute convention oflîcielle, nosopérations en retiraient. Ce que je dis ici de lord French,je puis le répéter du roi Albert qui ne manquait jamaisune occasion de me marquer sa confiance et de me témoi-gner l’amitié dont il m’honorait, et qu’il a bien voulu megarder depuis.
Qu’il me soit permis d’en donner ici quelques échos.
Le 30 août 1915, le colonel Génie, attaché militairefrançais auprès du roi, écrivait à un de mes officiers, unelettre dans laquelle on lisait : « Mon cher ami, le prince deTeck (1) m’a invité à déjeuner aujourd’hui. Il m’a parlétout le temps du voyage du roi des Belges en France. Il paraît que le roi lui a donné des aperçus merveilleux.Ce qui aurait le plus frappé le roi, d’après le prince deTeck, c’est cette espèce de vénération pour le général