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2 (1932)
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162 MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

britanniques sétablissaient derrière le canal de Suez pouren assurer la défense contre une entreprise turque annon-cée à grand fracas.

Ainsi, lannée 1915 sachevait pour les Alliés dans desconditions peu satisfaisantes : nos armées avaient étépartout soit tenues en échec, soit battues et avaientbesoin de se réorganiser avant de prononcer de nouveauxefforts.

Lennemi au contraire avait réussi, semblait-il, toutesses entreprises : sans doute nos offensives franco-britan-niques lavaient éprouvé et la solidité de ses lignes avaitpu lui paraître compromise à certains instants ; mais, endéfinitive, les Allemands avaient résisté sur leur frontouest tandis quils avaient remporté de larges succès enRussie , attiré à eux un nouvel allié et conduit en quelquessemaines une campagne pleinement victorieuse en Serbie ;ils étaient en sécurité sur tous les fronts et pouvaientespérer récupérer bientôt pour dautres desseins la masseaustro-allemande engagée en Serbie .

Cependant, si leur situation stratégique était forte, il ap-paraissait à lexamen quelques causes daffaiblissement (1) :tout dabord les Allemands se voyaient contraints à faireappel à de très vieilles classes ou à des hommes réforméspour conserver leurs effectifs ; quant à leurs alliés turcset autrichiens, ils semblaient épuisés et ne soutenaientleur effort que grâce à lappui de lAllemagne . Seule lar-mée bulgare avait peu souffert et représentait un sérieuxélément de force.

Si malgré les sacrifices que nous avions consentis et

(1) A la fin du mois de septembre, trois agents du gouvernementallemand avaient essayé de faire passer au gouvernement françaisdes ouvertures de paix :

Un M. Bokitchevich, diplomate serbe renvoyé par M. Pachitch,venant de Berlin, avait demandé à voir M. Jules Cambon qui lavaitéconduit ;

Un journaliste autrichien, M. Lippcher, avait fait une tentativeauprès de M. Caillaux ;

Enfin le comte Andrassy, homme dÉtat hongrois, sétait offertpour entamer des pourparlers.