LE BILAN DE L’ANNÉE 1915
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notre supériorité numérique incontestable, nous n’avionspu obtenir que des résultats insignifiants, il semblait bienque la cause principale en devait être imputée à Vindé-pendance avec laquelle chaque allié avait conduit la guerre,chacun sur son front particulier et selon ses vues propres :par exemple, l’Angleterre absorbée par le développementqu’elle donnait à ses forces nouvelles n’avait pu réaliserque des opérations assez restreintes. Nos efforts décoususétaient voués à l'impuissance.
Au contraire, les puissances centrales, libres de manœuvreravec l’ensemble de leurs ressources et de concentrer leursdisponibilités sur les points les plus favorables, avaientpu successivement faire leur effort prolongé et puissantcontre la Russie, puis envahir la Serbie, enfin résisteraux offensives françaises.
Ainsi, pendant cette première année de guerre, la coa-lition avait gravement souffert du défaut de coordinationgénérale : elle avait constamment subi la volonté de l’ad-versaire sans pouvoir opposer à ses initiatives autre choseque des parades tardives.
La première mesure à prendre devait donc consisterà établir un plan d’action commun susceptible d’imposerla volonté de l’Entente aux Empires centraux, et cela pa-raissait d’autant plus nécessaire, que, précisément au coursde cet automne, des divergences assez profondes de vues’étaient manifestées tout particulièrement en ce qui con-cernait l’Orient.
C’est pourquoi j’envisageai, dès le début de novembre 1915,la réunion d’une deuxième conférence interalliée où seraitdéterminé en commun le plan à suivre par la coalition.
Pour procéder avec ordre, il fallait examiner tout d’abordla situation des diverses puissances alliées, leurs ressourcesafin d’en conclure l’effort que chacune pourrait fournir.
La France, de toutes les puissances de l’Entente, avaitfourni l’effort militaire le plus considérable : elle avaitformé 97 divisions d’infanterie actives et la valeur de37 divisions territoriales ; elle s’était depuis le premierjour de la guerre dépensée sans compter ; elle touchait