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réserve susceptible d’appuyer les Roumains et, en mêmetemps, je prescrivis au général Sarrail de prendre desmesures propres à inquiéter l’ennemi en lui donnant l’im-pression que nous songions à une action offensive pro-chaine.
Mais déjà le différend germano-roumain était aplani ;cependant les pourparlers entre les états-majors russe etroumain continuaient, mais ils révélaient des divergencesde vues profondes, en particulier sur la modalité du pland’opérations : or, il était d’autant plus nécessaire de nepas laisser la Roumanie se tourner vers nos ennemis, quele général Alexeieff avait déclaré que le « concours rou-main assuré à nos ennemis constituerait la mort de touteoffensive russe (1) ». Or, le plan d’action de la coalitionfaisait état dans une large mesure de cette offensive etl’on pouvait dire que le succès de nos attaques d’ensembleserait gravement compromis si la Russie était obligéed’observer une attitude défensive. Il était cependant évi-dent que la Roumanie , encerclée de toutes parts, ne pour-rait pas indéfiniment conserver sa neutralité ; or, lesdifficultés qui avaient surgi entre la Russie et la Roumanie au sujet du plan d’opérations venaient remettre tout enquestion ; en fait, chacune des deux puissances voulaitassigner à l’autre la tâche militaire qu’il ne lui plaisaitpas de remplir. La Russie voulait opérer en Bukovine etcharger l’armée roumaine de garder sa frontière danu-bienne. La Roumanie voulait envahir la Transylvanie ,l’armée russe étant chargée des opérations sur la frontièreméridionale du royaume. Le plan russe inspirait à laRoumanie une insurmontable méfiance et le plan roumain n’avait pas l’agrément de la Russie , tentée de considérerla Roumanie comme une petite puissance vassale (2).
Il fallait à tout prix essayer de concilier ces deux pointsde vue : je demandai à M. Briand d’agir diplomatiquement