LA GUERRE ÉCONOMIQUE
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auprès du gouvernement russe pour qu’il marquât unsincère désir de conciliation. De plus, j’avais été assezheureux pour faire accepter par le gouvernement l’envoide munitions fabriquées en France vers des localités dela Russie méridionale où elles devaient être entreposéestant que la Roumanie n’aurait pas pris parti.
Tous ces efforts n’avaient pas donné encore de résultatslorsque Verdun était déjà en pleine fournaise et l’on nediscernait pas encore nettement à ce moment-là l’orientationque la Roumanie prendrait.
LA GUERRE ÉCONOMIQUE
Au cours de l’année 1915, j’avais à plusieurs reprisesattiré l’attention du gouvernement sur l’importance, accruepar la durée de la guerre, de la lutte sur le terrain éco-nomique.
Pour abattre notre adversaire dans une lutte qui prenaitplus nettement de jour en jour le caractère d’une guerrede siège, la première condition à réaliser était de couperles communications de l’ennemi avec les autres pays, del’empêcher autant que possible de se procurer à l’exté-rieur les ressources de toute nature qui lui étaient néces-saires pour continuer la lutte.
Or, il fallait reconnaître que la première année de guerres’était écoulée sans que rien de réellement sérieux et d’effi-cace ait été tenté dans ce but.
Le 22 novembre, le ministre des Affaires étrangèresm’avait fait connaître que, grâce aux mesures prises d’ac-cord avec la Grande Bretagne, « le commerce des neutresétait surveillé de la façon la plus étroite et les exportationsbritanniques, dans les pays susceptibles de ravitailler nosennemis, étaient considérablement réduites. » Mais l’étudedes tableaux fournis à l’appui de ces affirmations témoi-gnait que cette réduction était loin d’être encore suffi-sante ; pour certaines marchandises exportées d’Angleterre une augmentation importante s’était même produite ; le
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T. II.