RA GUERRE I5C0N0MIQUE
195
blé ; de même, j'intervins à plusieurs reprises en vued’obtenir un contingentement plus étroit de la Grèce quicherchait à échapper à notre surveillance économique.
Cependant, dans l’opinion publique, un courant d’idéesassez dangereuses se faisait chaque jour : on était en effettenté de croire que, par le seul jeu du blocus économiquesans avoir recours à des actions militaires, il serait pos-sible d’obtenir la victoire. Rien n’était plus faux : on nepouvait en effet escompter que des résultats intéressants,mais incomplets, du blocus de l’Allemagne , si étroit fût-il,car si les voies de ravitaillement du Nord semblaientpouvoir être complètement fermées, celles venant d’Orientrestaient largement ouvertes ; aussi, afin de ne pas laissers’accréditer cette dangereuse idée, au Conseil de Défensenationale du 2 février 1916, je tins à attirer l’attentiondu gouvernement sur ce point.
D’ailleurs, bientôt la question de la guerre économiquecessa de m’occuper, le gouvernement en ayant à la finde mars 1916 revendiqué la charge et la responsabilitéexclusive.
Je dois cependant noter qu’au début de janvier, unequestion assez délicate se posa, au sujet de savoir s’ily avait lieu de laisser importer des matières premièresen Belgique et de permettre l’exportation de Belgique d’objets fabriqués : cela pouvait-il avoir une influence surla capacité de résistance de l’Allemagne et pouvait-il tendreà diminuer ou à augmenter la durée de la guerre?
Les avis étaient divergents ; d’une manière générale,la thèse anglaise comportait l’autorisation de ces échanges :elle s’appuyait surtout sur des raisons d’ordre sentimental :désir de diminuer les souffrances dec populations belges,crainte que les Allemands ne mettent la main sur lesusines inemployées et ne les utilisent à leur profit avec ousans l’assentiment des chefs d’usine, crainte que les ou-vriers belges réduits au chômage ne soient embauchésdans les usines et mines allemandes où ils libéreraient denouveaux combattants.
Notre point de vue était un peu différent ; il fallait