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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
sur les parties du front qui se prêtaient plus particulière-ment à des actions offensives, il fallait réaliser une orga-nisation du terrain qui permît à tout moment de prendrel’offensive sans travaux préparatoires de longue durée,afin de réaliser la surprise dans toute la mesure du pos-sible.
Partout ailleurs, il y avait au contraire intérêt à resterloin de l’ennemi de manière à pouvoir perfectionner lesdéfenses accessoires, des régions fortifiées étant organiséesen arrière des premières et deuxièmes positions, pour ca-naliser, le cas échéant, la marche en avant des forcesennemies et servir de points d’appui aux manoeuvres decontre-off en sives.
A cette époque, les régions qui nous semblaient toutparticulièrement délicates, celles sur lesquelles l’enneminous semblait pouvoir surtout diriger son effort, et parconséquent à renforcer en première urgence étaient :
La région d’Amiens où les Allemands pourraient tenterde séparer les forces britanniques et françaises et évidem-ment point sensible, puisque point de liaison entre lesdeux armées alliées,
La vallée de l’Oise qui mène directement à Paris ,
La région de Reims , la conquête de cette grande villeparaissant une proie tentante pour l’ennemi,
La région de l’Argonne par où les Allemands pouvaienttenter de réduire par une lente progression la boucle deVerdun ,
Les crêtes vosgiennes, couverture générale de l’aile droitede notre dispositif,
Enfin, la trouée de Porrentruy qui devait nous servirde base à une couverture face à la Suisse dans le cas oùles Allemands violeraient la neutralité helvétique.
Tels étaient les points sur lesquels il me semblait, àce moment, que pourrait le plus probablement se produireune offensive ennemie. Encore faut-il préciser que cesdifférentes régions n’avaient pas dans ma pensée la mêmevaleur : celles qui paraissaient plus sensibles étaient incon-testablement la région d’Amiens , la vallée de l’Oise et