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la région d’extrême droite de notre front où l’adversairepourrait être amené à rechercher une solution stratégique ;sur les autres points, il paraissait qu’il ne pourrait es-compter que des succès locaux, ou des rectifications par-tielles du front sans résultat décisif.
Aussi bien, la région de Verdun en raison de sa formeen saillant ne me semblait pas à cette époque être appeléeà devenir le théâtre de la lutte gigantesque qui s’y estdéroulée pendant une grande partie de 1916. Faute demoyens matériels suffisants pour entreprendre un effortégal sur toute l’étendue du front, j’avais donc été amenéà établir un plan d’urgence de travaux ; et la région deVerdun , pour les raisons que j’ai dites, n’était pas en tête.
C’est encore en m’inspirant des mêmes considérationsque j’avais réparti en arrière du front les vingt-cinq di-visions que je désirais avoir en réserve à ma disposition :tout particulièrement, la 2 e armée tout entière devaitrassembler ses dix divisions dans la région Amiens, Grand-villiers, Compiègne, Meaux, en arrière des points de notrefront les plus sensibles, stratégiquement parlant, pendantque je prévoyais un ensemble de huit divisions en réserveau sud de la voie ferrée d’Avricourt.
En réalité, nous fûmes assez longtemps sans indicationsprécises sur les mouvements des réserves allemandes. Audébut de décembre, quelques mouvements anormaux per-sistants furent signalés en Woëvre. Par mesure de pré-caution, je dirigeai de Champagne sur la région de Bar-le-Duc le 7 e corps d’armée et la 15 e division. Toutefois,ces premiers indices semblèrent ne pas se confirmer, etles divisions purent être mises à l’instruction. Mais bientôt,mon attention fut attirée vers les régions d’Amiens etde l’Oise où il paraissait que l’ennemi se préparait àl’offensive. Le 29 décembre, dans la conférence présidéeà Chantilly par M. Poincaré et à laquelle assistaientM. Briand, le général Gallieni, le général Haig et noscommandants de groupes d’armées, nous nous trouvâmesd’accord pour reconnaître que c’était de ce côté qu’exis-tait le plus grand danger. En effet, les disponibilités aile-