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2 (1932)
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MÉMOIRES MARÉCHAL JOfFRË

en outre faire une démarche personnelle à Londres afindobtenir lenvoi de renforts venant dËgypte . Et, dèsson retour à son quartier général, il téléphonait : « Jaipris mes dispositions pour la relève complète de votre10 e armée; jirai demain à Chantilly vous serrer la mainet me mettre à votre entière disposition. »

Le 23 au soir, les nouvelles de Verdun étaient si alar-mantes que jenvoyai le colonel Claudel, aide-major gé-néral, étudier sur place la situation.

Le lendemain 24, au début de laprès-midi, il me rendaitcompte téléphoniquement que, les attaques allemandessétant ralenties, on semblait prêt à tenir et même à ri-poster.

Mais, brusquement, la situation sembla se modifier.Une très forte attaque portant sur le bois des Fosses,Louvemont et la cote 344 venait de se produire, et lebois des Fosses semblait avoir été pris ; Ornes était évacuéet lennemi paraissait avoir réussi à progresser sur lescôtes de Meuse. Certes, la situation apparaissait grave,car si ces renseignements étaient exacts, si cette avanceallemande continuait, elle pouvait entraîner le recul denos troupes en Woëvre. Cest ce que mexpliqua au télé-phone vers 19 h. 30, le général de Langle ; il me demandades ordres au sujet de lévacuation de la Woëvre, je nepus que le laisser libre de prendre lui-même, sur place,les décisions nécessaires. Mais, en même temps, je luiindiquai ma ferme volonté de faire face au nord à lattaqueallemande, en nous maintenant sur la rive droite de laMeuse, entre le fleuve et la Woëvre.

Cependant, les renseignements que javais reçus du gé-néral de Langle nétaient pas 3ans minquiéter : à causede leur imprécision même, de la rapidité avec laquellela situation se transformait, javais le devoir de prévoirle pire, et dy parer le plus tôt possible. Le pire, cétaitque nos troupes du front nord et celles de Woëvre nesoient bousculées et contraintes de se replier en désordresur la rive gauche. Dans ce cas, elles auraient été inca-pables de sopposer à la poussée de lennemi, et notre