208
MÉMOIRES DÜ MARÉCHAL JOfFRË
en outre faire une démarche personnelle à Londres afind’obtenir l’envoi de renforts venant d’Ëgypte . Et, dèsson retour à son quartier général, il téléphonait : « J’aipris mes dispositions pour la relève complète de votre10 e armée; j’irai demain à Chantilly vous serrer la mainet me mettre à votre entière disposition. »
Le 23 au soir, les nouvelles de Verdun étaient si alar-mantes que j’envoyai le colonel Claudel, aide-major gé-néral, étudier sur place la situation.
Le lendemain 24, au début de l’après-midi, il me rendaitcompte téléphoniquement que, les attaques allemandess’étant ralenties, on semblait prêt à tenir et même à ri-poster.
Mais, brusquement, la situation sembla se modifier.Une très forte attaque portant sur le bois des Fosses,Louvemont et la cote 344 venait de se produire, et lebois des Fosses semblait avoir été pris ; Ornes était évacuéet l’ennemi paraissait avoir réussi à progresser sur lescôtes de Meuse. Certes, la situation apparaissait grave,car si ces renseignements étaient exacts, si cette avanceallemande continuait, elle pouvait entraîner le recul denos troupes en Woëvre. C’est ce que m’expliqua au télé-phone vers 19 h. 30, le général de Langle ; il me demandades ordres au sujet de l’évacuation de la Woëvre, je nepus que le laisser libre de prendre lui-même, sur place,les décisions nécessaires. Mais, en même temps, je luiindiquai ma ferme volonté de faire face au nord à l’attaqueallemande, en nous maintenant sur la rive droite de laMeuse, entre le fleuve et la Woëvre.
Cependant, les renseignements que j’avais reçus du gé-néral de Langle n’étaient pas 3ans m’inquiéter : à causede leur imprécision même, de la rapidité avec laquellela situation se transformait, j’avais le devoir de prévoirle pire, et d’y parer le plus tôt possible. Le pire, c’étaitque nos troupes du front nord et celles de Woëvre nesoient bousculées et contraintes de se replier en désordresur la rive gauche. Dans ce cas, elles auraient été inca-pables de s’opposer à la poussée de l’ennemi, et notre