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2 (1932)
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LA BATAILLE DE VERDUN

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front, en cet endroit, eût été fortement compromis.

Après mûre réflexion, jen vins à la conviction que lameilleure manière denrayer une aussi dangereuse progres-sion de lennemi ne pouvait être que linstallation dunetroupe fraîche sur la rive gauche de la Meuse , destinéeà interdire aux Allemands le franchissement de la rivièreet à recueillir éventuellement les troupes engagées surla rive droite ; en outre, il me paraissait nécessaire, pourdonner toute solidité à ce barrage, que le commandementen fût assuré par une autorité soustraite aux émotionsde la bataille qui se livrait sur la rive droite, et qui nau-rait dautre souci que dorganiser linviolabilité de la ri-vière. En fait, cette solution consistait à faire la partdu feu, en admettant que, selon les craintes du généralde Langle, les forces de Woëvre et des Hauts-de-Meusesoient refoulées en désordre.

Sitôt cette décision prise, il convenait de la mettre àexécution : jalertai à Mouy, vers 23 heures, la 2 e arméeen réserve sur la rive droite de lOise, et décidai que legénéral Pétain prendrait le commandement de toutes lesforces disponibles de la rive gauche de la Meuse ou prochai-nement débarquées dans cette région. Le quartier généralde la 2 e armée reçut lordre de se transporter durgenceà Bar-le-Duc, et le général Pétain fut prié de passer lelendemain matin 25 à Chantilly, en se rendant à Bar,afin de recevoir mes instructions.

A minuit, le 24, tous les ordres étaient donnés.

Cette nuit du 24 au 25 février 1916 est lune de cellespendant lesquelles jai le plus regretté de navoir pas ledon dubiquité. Je sentais que les décisions que je prenaisà Chantilly, loin des événements, sur la foi de renseigne-ments incertains, sur lidée que je me faisais dune situa-tion constamment changeante, risquaient dêtre caduquesavant dêtre parvenues aux exécutants. Jaurais doncsouhaité de me trouver sur place ; mais, dautre part,mon devoir était indiscutablement de demeurer à mongrand quartier général, mon rôle étant plutôt dalimenteren réserves la bataille, de surveiller lensemble du front,

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