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de réaliser avec nos alliés une entente de collaboration.Aussi, comprenant que les décisions utiles ne pouvaientêtre prises que sur place, afin d’être opportunes, je priaile général de Castelnau d’aller me représenter à Verdun ,de s’assurer d’abord que la situation y était bien telle quenous nous la figurions d’après les renseignements donnéspar le général de Langle, et qu’en particulier la missionque je prévoyais pour la 2 e armée était bien conforme àla situation. Je l’autorisai à prendre sur place toute l’ini-tiative qui lui semblerait utile, en partant de cette idéequ’à tout prix la résistance devait avoir lieu sur le frontnord entre Douaumont et la Meuse, et le front est sur lesHauts de Meuse; ce ne serait qu’en cas d’indisponibilitéque nos forces pourraient être repliées sur la rive gauche,lorsque la 2 e armée aurait pu s’y installer.
On sait avec quelle intelligente initiative le généralde Castelnau s’acquitta de cette mission. De Souilly, oùavait été transportée le quartier général de la régionfortifiée, il me téléphonait le 25, à 15 h. 30, qu’il avaittrouvé le général Herr déprimé par les fatigues supportéesdepuis le début de l’attaque allemande et peu en état dedéployer dans les circonstances actuelles toute l’activitéqu’exigeait la situation; son état-major ne semblait pascapable de lui prêter le puissant concours dont il avaitbesoin. D’autre part, il avait constaté, après une enquêtefaite sur place auprès des divers commandants de secteur,qu’il était encore temps d’enrayer l’attaque allemande surla rive droite de la Meuse. En conséquence, il se proposaitde donner au général Pétain le commandement de l’en-semble de la région fortifiée de Verdun et des troupes arri-vant sur la rive gauche de la Meuse, la mission de la 2 e ar-mée devant être d’enrayer l’effort que prononçait l’ennemisur le front nord de Verdun . Je lui répondis que j’approu-vais toutes les décisions qu’il avait prises. Je ne pouvais,en effet, qu’être très satisfait d’apprendre que la situationréelle à Verdun était moins grave qu’elle nous avait étéreprésentée et que la mission du général Pétain avait puêtre modifiée heureusement. Le général de Castelnau su-
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