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Je fais appel à tout votre courage, à votre esprit de sacrifice,à votre ardeur, à votre amour de la Patrie pour tenir jusqu’aubout et pour briser les dernières tentatives d’un adversairequi est maintenant aux abois 1
D’ailleurs, on pouvait espérer que les actions ennemiesallaient se calmer à Verdun : du 8 au 20 juin aucune uniténouvelle n’était identifiée sur ce front. L’activité de l’ar-tillerie ennemie se ralentissait sur la rive gauche de laMeuse où l’ennemi semblait procéder à des retraits debatteries ; nous pouvions croire qu’il commençait des trans-ports vers le front oriental de troupes prélevées sur lenôtre, à la suite des succès obtenus en Galicie par l’arméerusse. Si bien que je pouvais déjà espérer pouvoir retirerprogressivement du groupe d’armées du Centre toutes lesdisponibilités possibles pour alimenter les opérations dugroupe d’armées du Nord.
Cette possibilité était si vraisemblable que le généralPétain entrait le 20 juin dans mes vues, en subordonnanttoutefois l’exécution à la nécessité préalable de reprendreautour de Verdun le champ nécessaire et d’empêcher l’en-nemi d’effectuer des prélèvements sur ce front.
Mais, sur ces entrefaites, les Allemands reprirent à Ver-dun l’initiative des attaques : les 21 et 22 juin, sur la rivegauche ils essayèrent vainement de progresser à la cote 304et au Mort-Homme ; sur la rive droite ils pénétrèrent dansla soirée du 22 entre le bois Fumin et le Chesnois; le 23,les troupes bavaroises s’emparaient de l’ouvrage de Thiau-mont et quelques fractions ennemies parvenaient mêmejusqu’à l’ouvrage de Froideterre ; Fleury tombait sousles coups du corps alpin.
Or, au cours de cette attaque, vers 15 heures, Pétain téléphonait de Bar-le-Duc à Castelnau que la situationlui apparaissait grave ; il envisageait l’évacuation de larive droite de la Meuse « où était actuellement en po-sition un tiers de l’artillerie française ». Par contre, deSouilly, le générai Nivelle, qui avait remplacé le généralPétain à la tête de la 2 e armée, m’envoyait des renseigne-
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T. II.