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plus inopportun que je venais le matin même d’annoncerau gouvernement et à Pétain lui-même le début de lapréparation sur la Somme.
Cependant, je ne pouvais m’expliquer l’émotion pro-duite à Paris par les événements du 23 que par des com-munications directes du gouvernement avec l’état-majorde Bar-le-Duc . Je les soupçonnais déjà, mais elles me furentaffirmées, le 25, par M. Combes, qui vint déjeuner avecmoi au grand quartier général.
Le 26 je recevais la visite du général Roques de retourde Verdun . Nous nous expliquâmes sur le fameux mes-sage du 24, puis il me mit au courant de ses impres-sions : elles reflétaient une certaine inquiétude en ce quiconcernait le général Pétain . Ce dernier avait déclaréau ministre qu’il lui manquait un quart de l’artillerielourde qu’il estimait nécessaire. Je ne pus m’empêcherde marquer au ministre mon étonnement que le com-mandant du G. A. C. ne m'ait pas adressé directementcette demande; d’ailleurs, il pouvait en faisant des pré-lèvements dans les secteurs calmes de son groupe d’ar-mées trouver facilement ce qui pouvait lui faire défautà Verdun. Enfin je m’étonnai que, prévenu depuis laveille que la préparation d’artillerie de la Somme étaiten pleine exécution, il parût choisir ce moment pourréclamer des renforts en canons ; il devait comprendreque toutes mes disponibilités étaient dirigées vers leNord. La demande était au moins peu opportune :Verdun avait joué son rôle; l’intérêt était maintenantailleurs.
Mais cette conversation me faisait craindre que Pétain se laissât encore impressionner par l’ennemi et je tinsà lui spécifier à nouveau qu’il devait continuer une résis-tance opiniâtre sur la rive droite de la Meuse, sans selaisser influencer par le risque de perdre éventuellementdu matériel. D’ailleurs, le 29, les Allemands semblèrentse résoudre à une situation défensive et, le 30, les Françaisreprenaient l’ouvrage de Thiaumont.
Enfin le 1 er juillet l’attaque franco-anglaise, retardée