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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
position de maintenir Foch en activité sans limite d’âge.Quant à Pellé, victime, après que j’eus quitté le commande-ment des armées françaises, de l’indépendance de soncaractère et des fonctions délicates qu’il remplissait auprèsde moi, il attendit longtemps sa troisième étoile. Voilàles hommes qu’on accusait d’ambition.
A la fin de septembre, les armées françaises et anglaisesavaient porté leur front sur une ligne jalonnée : au nordde la Somme par les lisières nord de Thiepval, Courcelette,Eaucourt-l’Abbaye, Gueudecourt, la lisière est de Les-bœufs et de Morval, Frégicourt, les lisières ouest du boisde Saint-Pierre-Waast, la cote 130 au sud-est de Boucha-vesnes, la croupe 76 à l’est de Cléry-sur-Somme ; au sudde la Somme, par la Maisonnette, la lisière ouest de Bar-leux, les lisières sud de Berny-en-Santerre, de Deniécourt,de Soyécourt, les lisières est de Vermandovillers et de Chilly.
Ainsi, en deux mois de combat, nous avions réalisé uneavance moyenne de 10 kilomètres et le front d’attaqueétait passé de 28 kilomètres à 54.
Au cours du mois de septembre le but principal qu’avaitpoursuivi le général Haig avait été de chercher à atteindreles plateaux de Lesbœufs et de Morval, pendant que la6 e armée française poussait vers Sailly-Saillisel : tout l’ef-fort britannique s’était porté sur la droite de sa 6 e armée.La gauche de cette armée et l’armée de réserve n’avaientvisé que des objectifs secondaires et rapprochés, cher-chant seulement à s’assurer la possession des hauteurs dePozières et du bois des Foureaux. Cette tactique avaitpour l’armée britannique un avantage immédiat : quandla bataille de la Somme s’éteindrait, nos Alliés occupantun haut de terrain s’installeraient pour l’hiver sur d’avan-tageuses positions.
Cependant, sur une demande que je lui avais adresséele 12 septembre, le général Haig avait donné une nouvelleampleur aux attaques de ses armées. La facilité aveclaquelle Courcelette et Martinpuich avaient été enlevés,incita le commandant britannique à poursuivre sa pro-gression vers le nord.