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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J OFFRE
le communiqué. Quand le général Nivelle en eut la con-firmation de la bouche même de Mangin, j’arrêtai moi-même les termes du communiqué que je fis téléphonerau grand quartier général.
Le bilan de la journée était excellent : le front ennemienfoncé sur 7 kilomètres et une profondeur moyenne de3 000 mètres depuis Hardaumont jusqu’à l’ouvrage deThiaumont, le village et le fort de Douaumont repris (1) ;en quatre heures, nos troupes avaient reconquis un ter-rain que les Allemands avaient mis quatre mois et demià nous arracher. Six mille prisonniers et un nombreuxmatériel formaient le butin de cette belle journée.
Je repartis, le soir même à 20 heures, de Souilly et j’ar-rivai le lendemain matin à 7 h. 30 à Chantilly. Cettejournée du 24 octobre fut pour moi une des plus réconfor-tantes de la guerre. Ses conséquences ne tardèrent pasà s’étendre ; les Allemands abandonnèrent le fort de Vauxque nous réoccupâmes le 3 novembre. C’était aux yeuxdu monde l’aveu de la défaite subie par nos ennemisdans cette bataille de Verdun que l’ennemi avait entaméele 21 février.
Le général Nivelle ne voulut pas s’arrêter en si bonschemins. Le 11 novembre, il m’exposa ses projets (2).Les opérations qu’il envisageait correspondaient à troisordres d’idées :
Se conformer à mes instructions qui prescrivaient depersévérer sur le front de cette armée dans une attitudedéfensive pour y retenir les forces ennemies ;
Améliorer la situation locale des défenseurs de Verdun ;
Préparer l’offensive générale.
Ce fut la deuxième de ces considérations qui déterminala zone d’attaque à laquelle nous nous arrêtâmes (3). Laligne occupée au nord du fort de Douaumont se trouvaitsoumise aux vues directes et rapprochées des observa-
(1 ) Les Allemands l’avaient entre leurs mains depuis le 24 février.
(2) Lettre S. C., n° 6704.
(3) Le général Nivelle m’avait proposé deux solutions : celle quiest indiquée ci-dessus, et une attaque sur le Mort-Homme (rive gauche)