DISGRÂCE DU GRAND-DUC NICOLAS 275
se compenser que par la concordance de nos actions dansle temps. C’est ce que j’avais réussi à faire comprendre et àfaire adopter dans la conférence interalliée de Chantilly,en décembre 1915.
Mais ce n’est pas tout de décider. A la guerre, seulel’exécution compte. L’accord que j’étais arrivé à établirne représentait un progrès réel qu’à la condition d’enassurer la réalisation. La place prépondérante que l’arméefrançaise avait prise dans ce conflit et l’autorité moraleque les commandants en chef alliés voulaient bien mereconnaître me conféraient le devoir de réaliser cettecoordination indispensable. C’est cette action que j’aiexercée sur tous les théâtres extérieurs à ceux que jecommandais directement, dont je voudrais donner iciun aperçu sommaire.
Pour se faire une idée des difficultés auxquelles je mesuis heurté, il suffit de songer qu’au lieu de commander (cequi est la seule manière de conduire les opérations mili-taires) j’étais obligé de persuader les généraux en chefalliés, dont les uns, comme Haig et Cadorna , étaient meségaux, et les autres, comme le roi des Belges, le tsar et leprince Alexandre de Serbie cumulaient leurs fonctionsmilitaires avec celles de chefs d’Ëtat . Qu’on ajoute à celaque tous ces commandants en chef, sans distinction,étaient limités dans leur initiative et dans leur bonnevolonté par des entraves politiques, et on aura un avant-goût des conditions dans lesquelles se posait chaque pro-blème de stratégie à résoudre.
Mon autorité, qui n’était basée sur aucun texte, s’étaitaccommodée avec les susceptibilités du gouvernement bri-tannique, grâce à l’appui loyal que j’avais trouvé d’abordchez lord French, et plus tard chez sir Douglas Haig. Elles’était accommodée de la haute personnalité du roi Albertdont, à vrai dire, l’armée ne joua pendant l’année 1916qu’un rôle assez effacé.
Avec les Russes, la question se compliqua à l’au-tomne 1915. On sait qu’à la suite de la désastreuse retraite,que ses armées avaient dû accomplir sous la pression de