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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
général de Castelnau, à une séance du Conseil supérieurde la Défense nationale. On y discuta entre autres chosesla réorganisation de l’armée française d’Orient, sous formed’une armée de deux corps à trois divisions chacun. Etla question du chef à trouver pour cette armée restaitpendante.
Le 30 octobre, je reçus la visite du général Cordonnierretour d’Orient. Il était naturellement très excité contreson ancien ami le général Sarrail qu'il traitait de « fou ». Legénéral Cordonnier devait être reçu par le président dela République, ainsi que le commandant Requin. Je décidaique Cordonnier resterait provisoirement en permission,en attendant le retour du général Roques, parti pour laGrèce.
Le 2 novembre, arriva, par l’intermédiaire du généralJanin, un télégramme du général Alexeieff qui me trans-mettait les plaintes du commandant des troupes russesde Salonique, au sujet de la non-satisfaction des besoins,et en particulier du ravitaillement de ces troupes. Cesdoléances confirmaient celles qui m'avaient été transmisespar le général Cordonnier sur le même objet.
Le 4, l’amiral Lacaze, ministre de la Marine, chargéde l’intérim de la Guerre pendant l’absence du généralRoques, me pria de lui envoyer le général Pellé.
Le gouvernement, impressionné par la précision du rap-port du commandant Requin , voulait rédiger un télégrammeau général Roques dans lequel devaient être spécifiés lespoints sur lesquels devait porter son enquête. Ce télégrammesigné de M. Briand et formant un véritable réquisitoirecontre le commandement et la conduite des opérations del’armée d’Orient, fut expédié et copie m’en fut rapportéele soir même par le général Pellé.
Le surlendemain, un nouveau télégramme de M. Briand,à l’adresse du général Roques, lui demandait d’étudierà fond la question des effectifs de l’armée d’Orient, sou-,levée récemment par les Serbes ; il s’agissait de tirer auclair une des nombreuses questions sur lesquelles le généralSarrail n'avait jamais pu nous renseigner : faire le dé-