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340 MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
injuste, rien de ce que j’ai constaté ici ne me permettant deconclure à son déplacement (1).
Signé : Général Roques.
Je me rendis aussitôt à Paris avec le général Pellé.J’allai voir l’amiral Lacaze et lui dis mon étonnement.Lacaze me laissa entendre que M. Briand était assez dis-posé à lâcher la partie et à adopter le point de vue deRoques.
Le 22 novembre, le général Roques était de retour àParis. Le but de son voyage et les conclusions qu’il enavait rapportées s’étaient naturellement ébruitées. Déjà,on chuchotait dans les couloirs de la Chambre que l’in-tention du ministre était de me déposséder de la directiondes opérations de l’armée d’Orient. Cette décision, signi-fiant un retour aux méthodes qui avaient donné les fruitsamers de l’expédition des Dardanelles et du début deSalonique, était grosse de conséquences. Comment, avecce nouveau procédé, seraient réparties les ressources entreles diverses armées? Comment mener la lutte principalesur le front occidental si, comme on le disait, le ministredonnait suite au projet de porter à 30 divisions (non com-pris les divisions serbes) l’effectif de l’armée d’Orient?Et je ne parle pas de la diminution de prestige que cettesolution allait représenter pour moi, vis-à-vis des arméesalliées.
Les conséquences de cette situation n'allaient pas tarderd se faire sentir. Je les indiquerai quand je ferai le récitde mes rapports avec la politique dans les derniers moisde l’année 1916.
(1) Une copie de ce télégramme se trouve dans le dossier personneldu général commandant en chef, t. II, cahier 4. pièce 13.