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Haig dont j’ai tant apprécié, en 1916, la collaboration éner-gique et loyale, ni du général Robertson, chef de l’état-major impérial avec lequel je me trouvais en si complètecommunion d’idées touchant la conduite des opérations.Entre ces deux généraux, il y avait eu quelques froisse-ments. Mais s’ils différaient d’avis sur des points dedétail, ils étaient d’accord sur une question que je regar-dais moi-même comme essentielle, à savoir que pour lesAnglais et les Français le front occidental était celui surlequel la décision de la guerre devait être recherchée, parconséquent celui sur lequel on devait accumuler le maximumde nos moyens. Or, Robertson et D. Haig se trouvaientà ce moment, me dit-on, en opposition sur ce point avecles principaux ministres anglais : Asquith, lord EdwardGrey et M. Lloyd George . Ce dernier surtout, personnalitéfougueuse et changeante, que Robertson appelait plai-samment « Napoléon », avait en tête des plans grandioses,et il aurait voulu que l’on allât en Orient porter des coupsdécisifs à l’Autriche . J’ai dit déjà que cette idée n’étaitpas nouvelle et que les gouvernements anglais l’avaientà plusieurs reprises suggérée.
Pour ce qui concerne l’Italie , j’aurais voulu que legénéral Cadorna pût venir en personne représenter sonarmée à ces assises de la coalition. On vient de voir que,dans l’impossibilité de satisfaire ce désir, nous nous étionsrencontrés, le commandant en chef italien et moi, le7 novembre à Saint-Michel-de-Maurienne, et nous avionsétudié ensemble les principales questions qui nous con-cernaient. Son chef d’état-major, le général Porro, le rem-plaça de son mieux à la conférence, bien que j’aie eul’impression, à plusieurs reprises, qu’il était quelque peudépassé par les importantes questions qui furent débattuesdevant lui.
On a vu dans le chapitre précédent dans quelles condi-tions le général Palitzine était arrivé à mon quartiergénéral. Il se montra pendant tout le cours de la conférenceen parfaite communion d’idées avec moi.
Le colonel Rudeanu, représentant de l’armée roumaine,