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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J OFFRE
que la Prusse nous avait dérobée pour nous punir dudésastre de Waterloo . La frontière de 1815 était une fron-tière de vaincus qui ne convenait plus aux vainqueursde la Grande Guerre.
2° Pour des raisons militaires. — J’estimais que la meil-leure manière d’être le maître chez soi, c’est d’en avoirles clefs dans sa poche.
La frontière du Rhin est une limite politique et ethno-graphique. Ce n’est pas une frontière militaire. En particu-lier, la situation de la ville de Strasbourg, au bord dufleuve, place cette capitale de l’Alsace sous une menaceconstante et immédiate (1).
Pour obvier à cet inconvénient, je demandais l’annexionde deux petites têtes de pont sur la rive droite du Rhin, l’une à l’est de Germersheim, l’autre à l’est de Strasbourg.
En conséquence, je déterminais la frontière de la manièresuivante :
Elle suivait d’abord le tracé de 1789 depuis les abords deLongwy jusqu’à la Moselle. Elle partait de cette rivière à3 kilomètres sud de Remich, courait droit à l’est jusqu’augrand-duché d’Oldenburg-Birkenfeld, dont elle longeait lafrontière sud ; de là, elle se dirigeait vers le sud, atteignaitau plus court la frontière de la Bavière rhénane qu’ellesuivait jusqu’à la frontière de Lorraine au nord de Sarre-guemines. Elle suivait la frontière de 1815 vers l’est jusqu’àhauteur de Walschbrun où elle la quittait pour se dirigervers le Rhin, en passant au sud de Pirmasens et d’Ann-weiler, au nord de Landau, et rejoignait le Rhin à 3 kilo-mètres en amont du pont de Spire.
Elle traversait le fleuve, englobait Philippsbourg et laforêt de Lusshardt et rejoignait le Rhin à l’ouest deFriedrichstal.
Elle remontait le cours du fleuve jusqu’à 4 kilomètresau nord du pont de Freistett, descendait droit vers le
(1) Je ne parle pas ici de la situation paradoxale que le traitéde Versailles a faite au port de Strasbourg, ayant en face de luile port de Kehl, que les Allemands ne tarderont pas à utiliser contrenous.