MES PRÉVISIONS EN VUE DE LA PAIX
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sonnel et du matériel nécessaires à la vie économique deces régions (chemins de fer, bateaux, télégraphes, télé-phones), et ils restitueraient le matériel de chemin de ferappartenant à la France, à la Belgique , au grand-duché deLuxembourg, et au réseau d’Alsace-Lorraine, ou le rempla-ceraient par un matériel correspondant.
Telles étaient les points essentiels que je fixais pourl’armistice.
J’en viens maintenant aux conditions de paix.
I. — Frontières de la France .
Fidèle aux principes de la Révolution française d’aprèslesquels les peuples ont seuls le droit de disposer d’eux-mêmes (1), conséquente avec l’attitude de protestationqu’elle a toujours conservée contre le traité de Francfort ,la France réclame seulement ses frontières de 1789.
Elle reprend, en conséquence, l’Alsace et la Lorraine ainsi que Sarrelouis et Landau, qui ont avec ces provincesjuré le Pacte de la Patrie française à la Fédération natio-nale du Champ-de-Mars, le 14 juillet 1790.
Mais deux exceptions s’imposaient à l’application inté-grale de ce principe.
1° Pour raisons économiques. — Je demandais l’annexionde la partie allemande du bassin houiller de la Sarre, savaleur étant à défalquer de l’indemnité de guerre. Ceterritoire comprenait le district de Sarrebruck qui avaitété laissé à la France en 1814 et lui avait été ravi en 1815,et le district d’Ottweiler, dont une bonne partie lui appar-tenait avant 1789. J’estimais, en effet, que cette annexionreprésentait à peine le prix des sauvages destructionsauxquelles les Allemands s’étaient livrés dans nos minesdu Nord et du Pas-de-Calais. En outre, il me paraissaitjuste de reprendre aux Allemands cette portion de territoire
(1) Décret de la Constituante, 22 mai 1790. Décret de la Conven-tion du 30 avril 1793.