infailliblement entraînée tôt ou tard dans l’orbite del’Allemagne . A cela on pouvait objecter qu’il valait encoremieux que la Prusse fût unie à une petite Autriche qu’alliée à une grande Autriche-Hongrie . L’expériencevenait de montrer que la constitution de cet amalgamede races qu’était l’Empire danubien n’avait pas empêchésa subordination absolue à la Prusse . Il n’en restait pasmoins que l’Allemagne allait, dans un avenir plus ou moinsprochain, voir 6 à 7 millions d’Autrichiens se réunir àelle.
Mais c’était un mal auquel il allait falloir se résigner.Car, en dehors de l’action que l’Italie et la Russie nemanqueraient pas d’exercer pour consommer la ruine del’Empire austro-hongrois, on ne voyait guère la France s’opposant à l’émancipation des races slaves asservies.
Tant que le fardeau de l’indemnité de guerre pèseraitsur les vaincus, tant que tout retard dans le paiement desannuités nous permettrait d’intervenir, tant que joueraientles garanties que nous devions nous réserver (occupationsdes têtes de pont par la France , des ports de Hanovreet de Prusse par l’Angleterre , de certains points à fixerà l’Orient pour les Russes), nous pourrions vivre tranquilles.C’était l’affaire d’une génération, celle qui avait fait laguerre, et qui avait bien mérité son repos. Ce serait à lapolitique, à l’Entente des puissances, à la sagesse desnations, pendant ces trente années, qu’incomberait le soind’assurer un plus lointain avenir et le repos des généra-tions futures.
Sur les ruines de l’Empire des Habsbourg, je prévoyaisd’ailleurs la création d’Ètats nouveaux, ou l’agrandisse-ment des puissances qui seraient intéressées au même titreque nous à surveiller l’Allemagne, et qui joueraient dansl’Europe centrale de l’avenir le rôle de contrepoids que lamonarchie danubienne avait cessé de jouer depuis cin-quante ans.
Au premier chef, on pouvait tracer dans ses grandeslignes les frontières d’un état slave englobant la Bohême;la Moravie et la Slovaquie. Cet état de 11 millions d’habi-