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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

tants serait capable dassimiler les Allemands qui se trou-veraient à lintérieur de ses frontières.

La Hongrie réduite à la plaine hongroise cesseraitdêtre pour lEurope un élément de désordre.

Au sud, les Yougoslaves (Slovènes et Serbo-Croates )formeraient une masse de 6 millions dhabitants qui sag-gloméreraient certainement à la Serbie . Le royaume deSerbie ainsi agrandi, formé de 13 millions dhabitants, de-viendrait une grande puissance balkanique, sur lamitié delaquelle la France serait sûre de pouvoir compter.

Quant à lItalie , elle achèverait son unité en reprenantle Trentin jusquà Brenner, le comté de Gorizia , la pénin-sule dIstrie et une bande de côte de part et dautre deZara .

La Pologne . Restait la question polonaise. Elle étaitépineuse, et serait difficile à résoudre.

Il y avait au centre de lEurope une masse de 25 mil-lions de Polonais, très homogène, qui aspirait ardemmentà recouvrer son indépendance. Sur cette masse, la moitiéà peu près étaient sujets russes.

La Russie admettrait-elle, à son flanc, la séparant delEurope, un État catholique, ayant une autonomie réelleet une vie nationale propre? Tout, dans le passé de laRussie, combattait cette hypothèse. La politique russeavait toujours eu pour bases trois principes : orthodoxie,autocratie, nationalité russe. On devait sattendre à ceque la Russie exigeât un droit de contrôle et de protec-tion sur la Pologne ressuscitée. Si cétait pour la traitercomme le royaume du Congrès, mieux vaudrait ne rienchanger au sort actuel des Polonais. Tout ce quils ygagneraient, ce serait de souffrir ensemble, et les Polo-nais dAutriche y perdraient. Il fallait donc espérer que laRussie sengageât à faire des concessions sincères. Ëtait-cepossible? Oui, si le gouvernement des tsars était assezintelligent pour comprendre quun monde nouveau sorti-rait du grand cataclysme que nous traversions à cetteépoque.