Druckschrift 
2 (1932)
Entstehung
Seite
380
Einzelbild herunterladen
 

380

MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

tants serait capable dassimiler les Allemands   qui se trou­veraient à lintérieur de ses frontières.

La Hongrie   réduite à la plaine hongroise   cesserait dêtre pour lEurope   un élément de désordre.

Au sud, les Yougoslaves (Slovènes et Serbo-Croates  ) formeraient une masse de 6 millions dhabitants qui sag­gloméreraient certainement à la Serbie  . Le royaume de Serbie   ainsi agrandi, formé de 13 millions dhabitants, de­viendrait une grande puissance balkanique, sur lamitié de laquelle la France   serait sûre de pouvoir compter.

Quant à lItalie  , elle achèverait son unité en reprenant le Trentin jusquà Brenner, le comté de Gorizia  , la pénin­sule dIstrie et une bande de côte de part et dautre de Zara  .

La Pologne  . Restait la question polonaise. Elle était épineuse, et serait difficile à résoudre.

Il y avait au centre de lEurope   une masse de 25 mil­lions de Polonais, très homogène, qui aspirait ardemment à recouvrer son indépendance. Sur cette masse, la moitié à peu près étaient sujets russes.

La Russie   admettrait-elle, à son flanc, la séparant de lEurope,   un État catholique, ayant une autonomie réelle et une vie nationale propre? Tout, dans le passé de la Russie,   combattait cette hypothèse. La politique russe avait toujours eu pour bases trois principes : orthodoxie, autocratie, nationalité russe. On devait sattendre à ce que la Russie   exigeât un droit de contrôle et de protec­tion sur la Pologne   ressuscitée. Si cétait pour la traiter comme le royaume du Congrès,   mieux vaudrait ne rien changer au sort actuel des Polonais. Tout ce quils y gagneraient, ce serait de souffrir ensemble, et les Polo­nais dAutriche   y perdraient. Il fallait donc espérer que la Russie   sengageât à faire des concessions sincères. Ëtait-ce possible? Oui, si le gouvernement des tsars était assez intelligent pour comprendre quun monde nouveau sorti­rait du grand cataclysme que nous traversions à cette époque.