400
MÉMOIRES DU MARÉCHAL J OFFRE
ce qu’il y eut, à mes yeux, de plus intéressant dans cevoyage, c’est que j’y trouvai l’occasion de discuter, enprésence du président de la République et du président duSénat , la question du contrôle parlementaire à laquelle leministre de la Guerre avait essayé de donner une solutionsi inopportune. Le président de la République, selon sacoutume, s’engagea peu. Néanmoins, son impression meparut favorable à ma thèse. M. Antonin Dubost s’y rangeacatégoriquement. Le général Roques, qui avait été proba-blement déjà chapitré par le président du Conseil, sentitqu’il avait perdu la partie, et il ne dissimula pas sa mauvaisehumeur. Le maintien du statu quo ante fut maintenu, et il futadmis que la lettre que le ministre de la Guerre m’avaitécrite le 1 er août serait considérée comme annulée, tanten ce qui concernait le projet de faire venir à Paris legénéral Belin que pour la liaison à établir par l’intermé-diaire du colonel Valentin. Le ministre maintint son droitd’être renseigné exactement. Sans le lui contester, je tinsà préciser que, pour les événements passés, le ministrepourrait se renseigner par un agent de liaison de son cabinetqui aurait la liberté d’aller sur le front accompagné d’unofficier du grand quartier général ; mais que, pour les évé-nements en cours, il continuerait à n’être renseigné quepar moi-même, par l’intermédiaire du colonel Penelon etdu commandant Herbillon.
Roques s’inclina devant ma volonté nettement affirmée,et il n’insista pas, n’ayant trouvé aucun appui auprès duprésident de la République, et après avoir été nettementdésapprouvé par le président du Sénat.
La question fut vidée définitivement quelques joursaprès, quand fut établie par moi la formule écrite à déli-vrer aux délégués parlementaires avant leur envoi dansla zone des armées. Après entente avec le président duConseil, il fut entendu que les délégués adresseraient leurdemande au ministre de la Guerre qui me la transmettrait,et que je resterai seul juge de l’opportunité de ces visites.
Si je me suis étendu longuement sur ces incidents quiparaissaient peu de chose auprès des grands événements