LE CONTROLE PARLEMENTAIRE
399
la liberté d’esprit et d’action dont j’ai un indispensable besoin.
Je ne pourrais davantage, sans diminuer l’autorité qui m’estnécessaire sur les services des armées, soumettre leurs actesaux investigations d’une inspection générale et permanenteplacée sous vos ordres directs et fonctionnant entièrement endehors de moi, comme vous en formulez le projet.
En définitive, si le gouvernement, qui m’a accordé jusqu’icisa confiance, désire me la continuer, je lui demande de ne pasme soumettre à la tutelle constante et détaillée du ministrede la Guerre.
Si, au contraire, je n’ai plus l’entière confiance du gouverne-ment, je lui demande de me décharger des lourdes responsabi-lités que je ne serais plus en état d’assumer dans ces nouvellesconditions.
JOFFRE.
Je lus cette lettre au président du Conseil, et lui exposaide vive voix que ma conscience m’interdisait d’acceptercette mise en tutelle à laquelle le ministre de la Guerrevoulait me soumettre et qui ne pouvait manquer d’avoirles plus désastreuses conséquences.
M. Briand m’écouta avec la plus grande attention, medonna entièrement raison, et décida sur-le-cliamp d’inter-venir auprès du général Roques qu’il devait voir le lende-main à une séance du Conseil des ministres. Il me promitde faire revenir le ministre sur les termes de la lettre quece dernier m’avait envoyée. « Il ne faut pas de conflitentre le ministre et vous, » me dit-il en terminant. Leschoses restèrent dans l’état, conformément aux proposi-tions que j’avais faites précédemment.
Le 4 août, je partis de Chantilly pour accompagner dansla Somme le président de la République, le président duSénat et le ministre de la Guerre. M. Poincaré assista àCampremy à une revue de la 2 e division de cavalerie ; ilremit un étendard au régiment léger de cette division. AEsquennoy, je présentai au président des expériencesd’avions nouveaux. Dans l’après-midi, il y eut des remisesde décorations, la visite de l’hôpital d’évacuation de Cerisyet d’un certain nombre de postes de commandement. Mais