ENQUÊTE SUR I.E GÉNÉRAL SARRAIL
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qui se déroulaient à ce moment, c’est qu’en réalité cesinterventions parlementaires pouvaient avoir les consé-quences les plus graves. L’autorité dont j’étais détenteurétait un élément essentiel. La laisser affaiblir, c’étaitretarder ou compromettre une victoire que déjà fentre-voyais, et qui nous avait coûté si cher qu’on ne pouvait lalaisser à la merci de basses intrigues ou de querelles departi.
Cependant les opérations se poursuivaient sur les diversfronts.
L’entrée en guerre de la Roumanie suscita dans l’opi-nion publique, à juste titre, un grand enthousiasme. Ony voyait un décisif appoint de forces et aussi le symptômede notre prochaine victoire. Les déceptions n’en furentque plus vives quand la Roumanie se trouva accablée parune suite ininterrompue de revers. Ce renversement defortune parut inexplicable et l’impression qui s’en déga-geait causait dans les esprits un énervement compréhen-sible.
Les journaux reflétèrent naturellement cet énervementet, dans le Parlement, les mêmes personnes qui m’avaientjusque-là reproché de correspondre directement avec lescommandants en chef alliés, et d’empiéter ainsi sur lesattributions du gouvernement, accusaient maintenant lehaut commandement de n’avoir pas su coordonner lesopérations des armées de l’Entente.
Là-dessus, vint se greffer la question du commande-ment des armées alliées de Salonique.
J’ai déjà eu l’occasion, à plusieurs reprises dans cesSouvenirs, de montrer que cette question s’était, en fait,posée dès le jour où le gouvernement avait appelé legénéral Sarrail à la tête de l’armée d’Orient. On a vu quellesdifficultés cette désignation, faite sans que j’aie été con-sulté, avait immédiatement entraînées en particulier avecnos alliés britanniques qui souffraient de se voir subor-donnés à un général dont les talents ne leur avaient pasparu éclatants sur le front d’Occident .
L’urgence d’une solution à cette question apparut
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T. II.