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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

lorsque se produisirent les violents incidents, dont jaiparlé, entre le général Sarrail et le commandant desforces françaises, le général Cordonnier.

Il importait, pour que cette question reçût une solutionconvenable, quelle restât ce quelle était, dordre pure-ment militaire et quon ne la fît pas dévier en affaire poli-tique.

On ne sut, ou pour dire toute ma pensée, on ne voulutpas éviter cet écueil. Lorsque je fis connaître au ministrede la Guerre mon intention de faire procéder à une enquêtesur le commandant en chef de larmée dOrient, on a vuque le général Roques fit adopter par le gouvernementune décision qui consistait à faire mener cette enquête parle ministre de la Guerre en personne. Or, le décret dedécembre 1915 mavait explicitement subordonné le com-mandant de larmée dOrient. Je vis immédiatement ledanger de cette procédure qui ouvrait toute grande laporte aux interventions politiques dans le domaine mili-taire. Si, comme on la vu dans le chapitre jai déjàparlé de cet incident, je nopposai pas un refus catégoriqueà la solution du ministre de la Guerre, cest que M. Briandinsista vivement auprès de moi pour me la faire accepter.Il mexpliqua quil avait autant que moi le désir dêtrerenseigné sur la situation à Salonique . « Laissez-moi faire,me dit-il, jai mon plan. Et si lenquête, comme je myattends, est défavorable à Sarrail, cest moi qui prendraila responsabilité de lécarter. » Je minclinai.

Malgré les rapports du commandant Requin et des offi-ciers revenant de Salonique, malgré les plaintes des Russes,des Raliens et des Anglais, malgré la très fâcheuse impres-sion produite dans toute larmée dOrient par les violentesdiscussions entre Sarrail et Cordonnier, qui sétaientdéroulées en public, et dans lesquelles Cordonnier navaitpas tous les torts, le général Roques revint, comme je laidit dans un précédent chapitre, en déclarant que le généralSarrail avait parfaitement accompli sa mission, que ceserait injuste de le rappeler, et quil suffisait de renforcerson état-major.