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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J OFFRE
d’opérations. Dans ces conditions, on pouvait se demanderquelles étaient au juste les fonctions qu’on se proposaitde m’attribuer.
D’une part, le décret du 2 décembre 1915 n’avait pasété abrogé, et l’article 1 er du décret du 13 décembre 1916me conservait le titre de « commandant en chef des arméesfrançaises » que le décret de 1915 m’avait donné.
D’autre part, l’article 2 du nouveau décret précisaitque les commandants en chef des armées du Nord et duNord-Est et de l’armée d’Orient, exerçaient, chacun en cequi le concernait, la direction des opérations dans les con-ditions prévues aux décrets du 28 octobre 1913 et 2 dé-cembre 1913 qui n’admettaient pas d’intermédiaire mili-taire entre le gouvernement et les commandants en chef dedivers théâtres d’opérations.
J’étais donc fondé à poser au président du Conseil desquestions qu’il ne s’était peut-être pas posées à lui-même.Je sortis de mon portefeuille la note que j’avais fait pré-parer le matin avant de quitter le grand quartier général.
M. Briand approuva en principe les termes de cettenote, mais il me demanda un délai pour le règlement défi-nitif de mes attributions , étant, me dit-il, absorbé par lesdébuts de son nouveau ministère, qui devait se présenterdevant la Chambre le lendemain.
Il accompagna tout cela de paroles aimables qui luiservirent à me dissimuler ses pensées mais me montrèrentnéanmoins assez clairement qu'il n'osait pas me les dévoiler.
Il était manifeste à mes yeux que le gouvernementcherchait à me retirer toute la réalité du commandement,et, sous la rubrique obscure de conseiller technique, à nelaisser subsister qu'une faç,ade destinée à donner satisfac-tion à l'armée , au pays et à nos alliés.
A mon retour à Chantilly, je fis d’abord rédiger unprojet de circulaire ministérielle qui, tenant compte desdivers décrets dont je viens de parler, permettrait au gou-vernement de sortir de l'obscurité dans laquelle il vivaitdepuis le début de cette crise parlementaire.
Puis, le lendemain matin, 14 décembre, je fis établir