MES RELATIONS AVEC LA POLITIQUE 427
armées françaises par effet du décret du 2 décembre 1915.Cette dernière clause établissait très nettement l’autonomieabsolue des relations du général commandant les arméesfrançaises du Nord-Est avec le gouvernement et avecles armées alliées.
Ainsi, des liaisons insuffisantes entre les commandantsen chef et moi , des relations directes entre les comman-dants en chef et le gouvernement, entre les commandantsen chef et les armées alliées. Dans ces conditions, onpouvait se demander à quoi pouvait bien se réduire lerôle qu’on me demandait de jouer.
Toutes ces circonstances me faisaient sentir l'hostilitégrandissante qui se manifestait à mon égard dans certainsmilieux politiques , créant une atmosphère défavorable àl'exercice des fonctions délicates que j'allais avoir à remplir.
Le lendemain 23 décembre, je reçus de l’amiral Lacaze,ministre de la Guerre par intérim, une nouvelle lettre quivenait confirmer mon impression. Répondant à une ques-tion d’ordre administratif que je lui avais posée, le mi-nistre me répondait :
Il vous apparaîtra comme à moi absolument indispensable,pour éviter tout malentendu, de préciser nettement la situationdu général Nivelle.
Par sa nomination de commandant en chef des armées duNord et du Nord-Est, cet officier général dépend exclusivementdu ministre de la Guerre avec lequel il correspond directement.
Dans ces conditions, il jouit des mêmes pouvoirs, attribu-tions, soldes et indemnités dont vous jouissiez lorsque vousexerciez ce commandement.
Il en est de même du général commandant en chef l’arméed’Orient.
D’ailleurs, une note adressée au général Sarrail et dontcopie me fut communiquée confirmait cette décision :
Les décisions et suggestions qui, le cas échéant, vous seraientcommuniquées par le général Joffre, conseiller technique dugouvernement, seront signées avec la mention P. O. indiquantqu’il agit au nom du gouvernement. La liaison du gouverne-ment avec l’armée d’Orient sera assurée directement par deux