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2 (1932)
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437
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MON DÉPART

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Le 28 au matin, après avoir été salué par les officiers dugrand quartier général je quittai Chantilly et minstallaià Paris .

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I

Je me suis longuement étendu sur cette crise politiquequi a rempli la majeure partie du mois de décembre 1916,et qui sest terminée par mon départ et par de profondschangements dans lorganisation du commandement desarmées françaises.

En ce qui concerne les conséquences de mon départ,on conçoit quil mest assez difficile d'en parler , car si jeme suis promis dans ces Mémoires de dire toute ma pensée ,il ne rentre pas plus dans mon intention de me tresserà moi-même des couronnes que de discuter les jugementsquon a portés sur moi. Mais les générations de lavenirdoivent chercher dans mes souvenirs autre chose quunaliment à leur légitime curiosité, et je voudrais quilspuissent tirer des événements que je viens de retracer deprofitables leçons.

Lorganisation du commandement français à la finde 1916 nétait pas parfaite et jai dit que je la croyaisperfectible. La dualité et limmensité des fronts sur les-quels opéraient les armées rendaient ma tâche très lourde ;il était donc logique de lalléger et de la simplifier en reti-rant au commandant en chef des armées françaises lacharge de diriger directement les opérations du frontoccidental français. Mais il ne restait pas moins évidentque lunité du commandement, péniblement réalisée endécembre 1915, aurait être rigoureusement respectée,et que la direction densemble des opérations était duressort du commandant en chef des armées françaises quelquil fût, et non une affaire gouvernementale.

Or, à la fin de décembre 1916, cette unité de comman-dement était rompue. Ce fut, à mon avis, un doublemalheur : dabord, parce que la direction générale ne futplus assurée que par des ministres tous éphémères, souventincompétents, ou par des bureaux irresponsables, ce qui