MON DÉPART
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Le 28 au matin, après avoir été salué par les officiers dugrand quartier général je quittai Chantilly et m’installaià Paris .
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I
Je me suis longuement étendu sur cette crise politiquequi a rempli la majeure partie du mois de décembre 1916,et qui s’est terminée par mon départ et par de profondschangements dans l’organisation du commandement desarmées françaises.
En ce qui concerne les conséquences de mon départ,on conçoit qu’il m’est assez difficile d'en parler , car si jeme suis promis dans ces Mémoires de dire toute ma pensée ,il ne rentre pas plus dans mon intention de me tresserà moi-même des couronnes que de discuter les jugementsqu’on a portés sur moi. Mais les générations de l’avenirdoivent chercher dans mes souvenirs autre chose qu’unaliment à leur légitime curiosité, et je voudrais qu’ilspuissent tirer des événements que je viens de retracer deprofitables leçons.
L’organisation du commandement français à la finde 1916 n’était pas parfaite et j’ai dit que je la croyaisperfectible. La dualité et l’immensité des fronts sur les-quels opéraient les armées rendaient ma tâche très lourde ;il était donc logique de l’alléger et de la simplifier en reti-rant au commandant en chef des armées françaises lacharge de diriger directement les opérations du frontoccidental français. Mais il ne restait pas moins évidentque l’unité du commandement, péniblement réalisée endécembre 1915, aurait dû être rigoureusement respectée,et que la direction d’ensemble des opérations était duressort du commandant en chef des armées françaises quelqu’il fût, et non une affaire gouvernementale.
Or, à la fin de décembre 1916, cette unité de comman-dement était rompue. Ce fut, à mon avis, un doublemalheur : d’abord, parce que la direction générale ne futplus assurée que par des ministres tous éphémères, souventincompétents, ou par des bureaux irresponsables, ce qui