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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

ne vaut pas mieux ; ensuite, parce quaprès avoir rompulunité de commandement dans nos armées, nous étionsmal venus à réclamer auprès de nos alliés létablissementdune direction suprême. La crise de décembre 1916 adonc contribué à retarder ladoption dun commandementunique que javais réalisé en fait en décembre 1915, etqui ne fut retrouvé après quelles épreuves quauprintemps 1918.

Ce nest pas tout. Le changement de commandant enchef des armées françaises du Nord-Est naurait eu surlexécution du plan de campagne de 1917, que javais faitapprouver par les Alliés en novembre 1916, quune influenceminime, si javais conservé la direction supérieure desopérations, car jaurais consacré tous mes efforts à faireappliquer ce plan sans le moindre retard. Moi parti, legénéral Nivelle bouleversa les plans à tel point quunnouveau réajustement et de nouvelles ententes avec nosalliés simposèrent. Loin de critiquer le général Nivelle,jestime quil agit selon ses droits et même selon sesdevoirs. Responsable devant le gouvernement, il ne devait,en conscience, appliquer que le plan qui lui paraissaitle meilleur. Au reste, on aurait mal compris quun chan-gement de commandant en chef namenât pas de nouvellesformules, dautant plus que le président de la Républiquese faisait lardent protagoniste dun changement de mé-thode et quil ne redoutait rien tant que de voir la ba-taille de la Somme se rallumer. Le résultat de ce change-ment fut, avant toute chose, un irrémédiable retard dansles attaques alliées du printemps 1917. Au lieu dattaquerles Allemands en février, loffensive franco-anglaise ne sedéclencha quen avril et le recul auquel Hindenburg eutle temps de procéder à son aise, fit tomber cette offensivedans le vide. Jai dit déjà, et je le répète, que si nous avionseu la constance de relancer en lamplifiant la bataille quelhiver avait interrompue, les Allemands étaient terrassés.Ils lont reconnu eux-mêmes précisément en effectuant cerecul qui est un aveu plus éloquent que tout discours.Quelle responsabilité porteront devant lHistoire ceux